Extrait du journal

De Paris. — Autour de Dunkerque, la lutte se poursuit avec le même carac tère de violence et d’acharnement sur tout le périmètre du camp retranché, tandis que sur les plages, malgré les bombardements aériens et les éclatements des obus de gros calibres de l'artillerie lourde allemande, nas troupes continuent à s'embarquer en grand nombre et dans un ordre parfait. Depuis plus d'une semaine que les inondations ont été tendues autour de Dunkerque, l'eau a profondément pénétré dans le sol, non seulement là où elle séjourne à la surface, mais aussi très loin en avant de la ligne d'eau proprement dite. Les berges sont devenues gluan'.es et molles. Les remblais s’éboulent. Le moindre trou ereusé par les soldats allemands pour se mettre à l’abri s'emplit d'eau et de boue liquide. Les chars s'enlisent. Ce sont là des conditions de plus en plus difficiles pour une offensive. Cependant, les Allemands s'entêtent dans leurs attaques contre les lignes de défense françaises. Ils rééditent leurs opérations d’autrefois devant Dixmude et sur l’Yser. Ils sc heurtent aux mêmes difficultés et aux mêmes combattants. Ccnx-ci, soldats britanniques et français, fantassins et fiL llliers marins, défen dent le passage des zones inondées, mais combattent en terrain sec. couvrant les marais environnants du feu de leurs armes automatiques et clouant au sol incertain les vagues d'assaut allemandes qui progressent lentement à travers la boue et l’eau. Les maisons élevées le long des routes qui forment des digues au dessus des inondations constituent des abris sûrs pour les défenseurs qui s'y retranchent et les aménagent en blockhaus. Si les Allemands parviennent à prendre pied sur un terrain solide, ils sont immédiatement contre-attaques et privés de ravitaille ment. Leurs renforts, qui ont du mal à passer à travers la zone inondée, sont rejetés presque invariablement dans les marécages. Tandis que les défenseurs du camp retranché livrent ainsi des combats inces sants sur les plages situées autour de Dunkerque les rembarquements conti nuent au meme rythme. , Jour et nuit, scus le vrombissement des moteurs des aviations adverses, et au milieu du fracas des éclatements des bombes et des obus de l'artillerie lourde allemande, qui tire sans arrêt, les troupes, section par section, compagnie par compagnie, arrivent sur 1rs plages. Le passage de cette zone dangereuse se fait au pas de course et au coup de sifflet. Les hommes gagnent la frange des vagues et se mettent dans l'eau jusqu'aux genoux peur se hisser à bord des embarcations qui, en longues files, viennent les chercher, et qui, remorquées par des canots à moteur, les conduisent aux bateaux qui attendent au large. Ausistôt, cargos, yachts, transports de toutes espèces, embarquent leur charge humaine et font route vers l'Angleterre. Naturellement, l'aviation allemande essaie d'attaquer en mer les bâtiments de transport. En outre, les vedettes lance-torpilles, petits bateaux à moteurs rapides et bas sur l’eau, sont très actifs. Les destroyers français et britanniques font une bonne garde. Leurs canons à tirs rapides ont déjà détruit plusieurs des engins allemands, tandis que leur D. C. A. collabore efficacement avec les chasseurs à la défense du ciel au-dessus du convoi. Sur le reste des théâtres d’opérations, c'est toujours l'attente, avec l'accom pagnement traditionnel de très denses reconnaissances aériennes, de quelques coups de main par lesquels les adversaires se tâtent. Tel a été notamment le cas sur la Sarre, où deux ou trois tentatives allemandes contre des postes fran çais ont été repoussées. Ailleurs, comme dans la région de l'Oise, hier, l’artillerie française a ouvert le feu et a procédé à quelques tirs de harcèlement sur quelques mouvements de troupes adverses. muni Après le bombardement de Paris Les objectifs visés par les Allemands...