Extrait du journal

C’est mardi prochain que le nouveau Gouvernement de Front popu laire. à direction radicale, se présentera devant les Chambres. Comment v sera-t-il accueilli, et. tout d'abord, sur quel plan sc situera sa décla ration ? Sur le plan de l’apaisement et de l’assainissement financier, n’en doutons pas. Mais quoi, en matière de finances, la magic ne sauvait jouer, et si bon technicien qu'il soit, M. Georges Bonnet n inventera rien et sera, comme son prédécesseur, acculé a des moyens empiriques, a moins que ce ne soit à des solutions extrêmes. On a parlé d’une nouvelle dévaluation, voire d’une conversion forcée ries rentes. On a même prétendu que. dans leur lettre de démis sion. les experts financiers, MM. Rist et Baudoin, préconisaient ces solutions. Nous n’avons rien trouvé de semblable, explicitement, dans la lettre des experts — qu’on a bien fait de publier — mais il faut lire entre les lignes. « La situation est. en effet — écrivent ces Messieurs — telle que des mesures exceptionnelles de Trésorerie, destinées à laisser souffler l épargné et à permettre la reprise des cours des rentes, s imposeront à très bref délai. » Que faut-il entendre par « des mesures excep tionnelles de trésorerie > ? T,es experts le précisent en ces termes : « Nous vous avons dit que tes mesures exceptionnelles... doivent être comprises dans un plan d'en semble. comprenant un relèvement sensible des impôts à rendement immédiat, d’importantes augmentations de tarifs des services indus triels et concédés, une liberté plus grande laissée aux mouvements du franc. Cet ensemble doit former un tout indivisible, précédé d’une déclaration qui. en disant la totale vérité au pays, affirmerait solennel•ement que le retour, par étapes assez rapides, au complet équilibre budgétaire — les seules dépenses exceptionnelles de la Défense na tionale devant être couvertes par l’emprunt — doit être dorénavant pour tous fa foi suprême, quelque dure qu'elle puisse être. » Voilà qui n’est pas précisément pour nous rassurer, encore que nous vous doutions bien que la situation était grave. Mais quoi, il fallait tire aveugle pour ne pas voir que c’est là qu’on nous conduisait. Encore vne fois, nous ne dirons pas que le Gouvernement de M. Léon Blum lait fait sciemment, mais avec la mystique du budget dynamique pouvant se passer d’équilibre, et avec la fameuse théorie du « pouvoir d’achat ■. c’est à cela que nous avons abouti. Et maintenant, va-t-on suivre les mêmes errements ? Quelle solu tion va nous rapporter M. Georges Bonnet d’Amérique ? Nous enten dons bien que. à certains indices, on peut penser que la * direction » Camille Chautemps influe déjà très favorablement sur le marché finan cier. mais sera-ce suffisant pour remonter le courant ? Nous le souhaitons d’autant plus vivement que notre pays a besoin de réconfort et de sécurité dans tous les domaines. L’apaisement intérieur n’est pas encore complet, comme en témoi gnent les menaces de nouveaux conflits — notamment dans l’hôtellerie et la paix extérieure est toujours menacée. Raison de plus pour nous unir, sans autre préoccupation de parti, et rechercher en commun, nous ne dirons pas les solutions les meilleures, mais les moins mauvaises, pour sortir de l'ornière où nous sommes embourbés. Pour cela, il faut le concours de tous, selon les possibilités et les facultés contributives de chacun. Il faut d'abord que la confiance re vienne. et avec elle les capitaux qui se sont évadés ces temps derniers. Mais il faut aussi qu’on ne les effarouche pas par des convulsions sociales nouvelles et des sauts dans l’inconnu. Et il faut surtout que l’ardeur au travail se manifeste dans tous les milieux, et que le relèvement de b. production nous permette de revenir promptement à un juste équilibre des prix et à une amélioration sensible de notre balance commerciale. Quand on constate tous les efforts qui se multiplient, dans nos régions, pour notre redressement économique, on est en droit de se demander comment nous ne pourrions arriver à triompher JS» d une situation qui est certes grave, mais qui n’est pas désespérée. I...