Extrait du journal

M. Paul de Cassagnac propose à ses amis de se montrer exigeants, et le Solen paraît être du même avis. Le Gaulois modère plutôt leur zèle, et Gaulois a raison. Il ne faut pas songer à des concessions avouées, visibles. Toute l'opération tomberait du coup. Si la réaction veut tirer parti du ministère, il faut d'abord qu'elle lui laisse quelque chance de vivre. Exiger de lui qu'il se compromette par des mesures trop ouvertement cléricales, c'est le condamner à mort. C'est renoncer, par conséquent, aux profits qu'on en espère à droite. Pour garder l'illusion qu'il durera, il faut renoncer à lui demander des actes auxquels manifestement il ne survivrait pas. Aussi, royalistes et bonapartistes pourront faire la grosse voix dans la presse et menacer d'abandonner le ministère, qui n'existe que par eux, s'il ne leur obéit pas sur tel ou tel point, par exemple s'il ne modifie pas la loi scolaire et la loi militaire, s'il ne renonce pas à l'impôt sur les couvents, etc., etc. Quand il faudra en venir aux faits, ils seront beaucoup plus coulants, et ils continueront à soutenir le cabinet sans qu'il tente rien de pareil....