Extrait du journal

La Grande-Bretagne discute actuellement des. mérites d'une solution du problème sudète : cette solution doit-elle comporter un grand nombre de cantons ayant des pouvoirs plutôt restreints, ou. un plus petit nombre de cantons avec des pouvoirs plus larges. Il semble en résulter implicitement que si les Tchèques sont c justes » (en nous portant juges de ce qui est « juste »), la Grande-Bretagne les soutiendra ; s'ils ne sont pas « justes », l'Angleterre ne le fera pas. Tout cela n'a aucun sens, naturellement. Si, en conclusion -de ce ddSérend, l'Allemagne conquiert la Tchécoslovaquie, détruit son alliance avec la France et la Russie, et qu'elle devienne, de ce fait, si prépondérante en Europe que la France et toutes les autres nations se trouveront complètement à sa merci, la Grande-Bretagne devra s'opposer à cette conclusion (ou abandonner toute idée de défense nationale), que la Tchécoslovaquie soit « juste » ou non. C'est une vérité analogue que nous a certainement fournie la leçon de l'affaire serbe en 1914. La plupart des Anglais, en 1914, considéraient la Serbie, dont les chefs militaires venaient de se conduire bien plus comme des cannibales que comme des civilisés dans le traitement qu'ils avaient infligé à certains membres de la famille royale serbe (traitement qui entraîna la GrandeBretagne à rompre ses relations diplomatiques normales avec ce pays), comme un Etat à demi civilisé. Beaucoup d'Anglais, dans le privé, considéraient que le gouvernement serbe portait une grande part de responsabilité dans l'assassinat de l'archiduc. Sur dix Anglais informés, neuf auraient certainement pris parti pour l'Autriche, en se basant sur les causes du différend qui s'était produit entre l'Autriche et, la Ser«fei«s Et pourtant, Ils en vinrent rapidement à considérer que c'était l'Autriche qu'ils devaient combattre....