Extrait du journal

A l'arrivée, les honneurs sont rendus an drapeau. Des gens hâves et déguenillés apparaissent aux portes. Beaucoup de gosses étranges, au teint brunâtre, aux visages extrêmement maigres. Des yeux brillants luisent dans des orbites enfoncées. La peau de leur visage est sèche. Quand on leur touche le bras, on croit toucher des morceaux de bois sec. Nus, ils présentent des ventres énormes, tombants; les poitrines, par contre, sont maigres et leur gril postal est impressionnant, la peau jaune qui les recouvre compte ai peu! Les cuisses sont de vrais sarments, les muscles des cordes à violon. La langue de ces pauvres petits malheureux est blanchâtre. Ils souffrent tous de diarrhée, A l’auscultation, on trouve, chez la plupart, des râles de bronchite. Beaucoup ont des signes de tuberculose déjà avancée. Ils sont habillés des hardes que leur ont données* les Autrichiens, vieilles bandes malletières, Bouliers de soldats, troués et éculés. Quel effet produisent ces pauvres tiges de jambes sortant de ces immenses godillots! Quelquesuns vont pieds nus....