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La France, 2 mai 1899

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La France
2 mai 1899


Extrait du journal

LES ETALAGES Le Bulletin Municipal Officiel a publié hier l’arrêté du préfet de la Seine, por tant règlement définitif de l’étendue et de la durée des étalages sur la voie publique. Je sais bien qu’il était très difficile de contenter tout le monde,|et que le préfet, qui aurait voulu rendre plus facile la cir culation, ne pouvait cependant pas reti rer aux commerçants la faculté, qui leur a jusqu’ici été laissée, d’étaler en plein vent devant leurs magasins. Le publie accepte très volontiers les terrasses des cafés et, si un préfet de la Seine s’avisait de les supprimer, je crois que la population parisienne se porterait en masse, sous ses fenêtres, pour en ré clamer l’établissement. Voici précisé ment la chaleur qui commence à rôtir les promeneurs,et il est agréable de pou voir s’asseoir pour déguster une boisson rafraîchissante, en regardant couler le flot des passants affairés. La terrasse est un des charmes du bou levard, l’on y respire un air à peu près pur et l’on y joint du spectacle de la rue, spectacle toujours divers, Kaléidoscope d’où le philosophe retire amusement et enseignement. Pourquoi faut-il que ce soient préci sément les limonadiers et débitants de boissons, qui aient été 1 e plus frappés, les seuls frappés en réalité, par le nouvel arrêté du préfet de la Seine? Il n’y a qu’une raison , mais elle est bonne. C’est précisément parce que les terrasses seules sont du goût de tout le monde, parce que, comme je le disais plus haut, le jour où les concessions de terrasses seraient retirées en bloc nous demanderions tous que cette décision fût rapportée. Les étalages, autres que les terrasses, qui encombrent les trottoirs parisiens, sans utilité générale,ne pourront être éta blis que de huit heures du matin à huit heures du soir. Mais c’est précisément le moment où ils sont le plus gênants, où, la circulation étant le plus active, ils constituent une rélle entrave En somme, ces étalages de magasi niers, papetiers, marchands d’articles de Paris, de parfumerie au rabais, de petits merciers, ne servent absolument qu’au commerçant lui-même,qui espère tenter davantage le client en lui mettant, pour ainsi dire, les choses dans la main. De plus,ils sont immoraux caronpeut, à plus forte raison encore qu’aux grands magasins, leur adresser le reproche d’ex citation au vol. Comment voudrait-on que la kleptomanie ne se développât point chez lesenfants,lorsqu’on les nargue parla mise à leur portée d’objets présen tés avec tout l’art possible pour aiguiser le désir. Les étalagistes en ont si bien conscience que sur les livres figure un chapitre im portant de profits et pertes pour les ob jets disparus. R y avait donc tout lieu de les frapper de taxes élevées, conséquence légitime du privilège uniqne et inique dont ilssont l’objet. Mais l’on s’en est bien gardé, l’on a craint, et sans doute avec de bonnes raisons pour cela, que la trop grande élévation du taux de redevance pour ces concessions d’étalage ne fît diminuer no tablement le nombre des concession naires. MM. les commerçants sont enchantés d’embêter les passants, mais ils ne veu lent pas que cela leur coûte trop cher. Car, ce qu’il y a de plus étrange dans ces sollicitations de concessions, c’est qu’elles sont toujours pratiquées parles petits commerçants, par ceux qui font le moins d’affaires, et à qui les étalages ii*cn font, d’ailleurs, pas faire davantage. Mais, je le répète et j’insiste, ils jouis sent d’un privilège que rien n’explique, que rien ne saurait expliquer, si ce n’est la nécessité, pour la Ville de Paris, de se faire ressources de tout ce qui est suscep tible de taxes et de perceptions, il ne se rait donc que juste, à notre avis, ces concessions étant éminemment précaires et temporaires, comme le rappelle M. le préfet de la Seine, qu’elles soient, tout au moins taxées en raison directe de leurs inconvénients. La terrasse de café ou de restaurant se comprend, elle est légitime parce qu’elle est banale. Tout le monde en jouit, tout le monde a le droit d’en jouir, elle n’empiète pas sur le trottoir, elle constitue seulement un refuge, un abri où l’on peut se reposer et se désaltérer. Sur les observations du conseil munic'pal,le préfet delà Seine a consenti à la suppression du paragraphe qui frappait d’une taxe supplémentaire les conces sions dépassant vingt mètres, mais la majoration d’un cinquième du tarif a été maintenue pour les cafés, brasseries, restaurants et débits de boissons....

À propos

Lancée en 1862, La France était un quotidien suivant une ligne éditoriale à la fois libérale et favorable au Second Empire. Durant la Commune de Paris, le quotidien publia également une édition départementale imprimée à Tours. En 1874, Émile de Girardin, fondateur de La Presse et grand entrepreneur médiatique également proche d’Adolphe Thiers et de Gambetta, rachète le journal. Sur quatre pages, on y écrit de longs articles, en plusieurs parties, qui s’étendent parfois même sur plusieurs jours.

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