Extrait du journal

Dans une série d’articles très re marqués, réunis ensuite en volume, le grand écrivain et grand patriote Maurice Barrés clama autrefois la GRANDE PITIE DES EGLISES DE FRANCE. M. l’abbé Fourneau, curé de Saint-Clément de Craon, après le cataclysme qui, il y a trois semai nes, dévasta son église, reprend les accents émou vants de Barrés pour crier au secours. Déjà, la Municipalité, les paroissiens de SaintClément ont répondu avec un magnifique élan à l’appel de leur Pasteur ; déjà les Noelistes de Craon sont venues à son secours ; déjà ses cama rades de guerre s’appêtent à l’aider. Ce n’est pas assez ! Ce cri de détresse doit porter plus loin, et nous tenons, à la Gazette, à lui donner toute la publicité possible. Dès l’annonce du désastre, nous avons couru nous-mêmes nous rendre compte sur place des dé gâts commis par l’ouragan, mais surtout nous voulions porter à M. le Curé nos plus sympathiques condoléances et nous mettre à sa disposition pour l’aider, autant que notre journal le pouvait, à faire entendre sa voix angoissée. L’église de Saint-Clément a son clocher démoli par la tourmente ; l’église de La Selle-Craonnaise a des pierres enlevées et sa toiture endommagée par le même ouragan ; l’église d’Evron a un large pan de to'ture arraché par le vent, et la pluie me nace les orgues anciennes mal défendues par des bâches provisoires. D’autres églises encore ont souffert de ce même ouragan, mais les dégâts sont moindres. *** , Sans doute, à toutes les époques, l’intempérie, l’orage, la tourmente ont menacé nos églises, mais autrefois lès populations chrétiennes tout entières se levaient derrière leur Curé pour ré parer les ruines et refaire leur église plus jeune et plus belle ; mais, il y a quelque vingt ans, nos Fabriques possédaient encore des ressources suffil an tes pour parer aux désastres. , Nos églises, après avoir été ruinées pendant la Révolution de 17*J3, avaient pu recouvrer quel* ques biens ; la loi de Séparation a achevé de les dépouiller. Argent, titres de rentes, propriétés, tout a été confisqué. Même la paroisse n’est plus propriétaire, elle n’a plus que la jouissance des édifices du culte. Cette législation anticléricale a porté de tristes fruits en trop d’endroits. Les communes, trop pauvres, ou bien indiffé rentes, ou même hostiles, n’ont pu toujours, ou n’ont pas voulu engager les dépenses nécessaires pour entretenir ces édifices du culte, et si quelque cataclysme venait ajouter ses ravages aux dégra dations du temps, la vieille église tombait en mines. *** Nous devons dire à leur louange que dans notre pays, les Conseils municipaux se montrent très bienveillants pour les réparations de leur église, et comme Craon, qui vient de voter 17.000 francs pour travaux urgents à Saint-Clément, savent faire les sacrifices nécessaires dans les cas pres sants. **# L’éloquente parole de Barrés était vraiment jprophétique relativement à nos églises du Nord et de l’Est. Oui, ce fut la « grande pitié des Eglises de Fran ce » pendant la guerre, lorsque le Boche les bom bardait les premières, et vraiment, en 1919, lors qu’on visitait le front, on avait le cœur serré en voyant les ruines accumulées. Les églises des champs de bataille ne sont pas encore toutes relevées, Notre-Dame de Reims en tête, et le chrétien souffre en voyant ces ruines lamentables. Hélas 1 II n’y a pas que dans l’Est et dans le...