Extrait du journal

d’avoir vu l’ennemi, et sans que le sacrifice de leur vie ait pu être utile au pays. L’incurie de l’administration, les lenteurs de M. Campenon auront dans notre pays un retentissement d’autant plus douloureux que, par ce temps de service obligatoire, tous les citoyens doivent se sentir frappés lorsque, dans l’une quelconque de ses fractions, l’armée est victime des erreurs ou des négligences de ses chefs. A propos de l’épidémie typhique du Pas-des-Lanciers, plusieurs jour naux militaires ont rappelé avec trop de raison l’épidémie analogue qui a fait de si nombreuses victimes lors de l’expédition de Tunisie. On n’a pas oublié quels ravages la fièvre typhoïde fit à cette époque parmi nos jeunes troupes, ravages d’autant plus grands, que le service médical et hospitalier était plus mal organisé. Plus de quinze cents hom mes, chiffre officiellement avoué, moururent en peu de temps. Il en va de mêmer aujourd’hui au Tonkin, àFormose, à Madagascar... et au Pas-des-Lanciers. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, et il nous faut arriver à cette conclusion que, toutes les fois où notre jeune armée quitte son existence ordinaire, c’est-à-dire la vie de garnison, relativement saine et commode, pour s’entraîner aux fatigues d’une campagne, — surtout naturellement d’une campagne dans les pays malsains, — elle offre aux épidémies une proie déplorablement facile. Le motif de sa résistance insuffi sante n’est que trop apparent : nos soldats du service obligatoire et à court terme sont trop jeunes, ils ne sont pas assez « faits », assez rom pus au métier, pour pouvoir résister aux épreuves et aux fatigues de campagnes aussi dures. Toutes les fois que nous avons dû faire la guerre avec des troupes trop jeunes, nos pertes en hommes ont été navrantes. Faut-il rappeler les campagnes de 1812 et 1813, la se conde phase de la guerre de 1870? A quoi bon ? Ces souvenirs si con...