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La Gazette de Château-Gontier, 28 janvier 1923

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La Gazette de Château-Gontier
28 janvier 1923


Extrait du journal

Une jeune fille de 20 ans, Germaine Berton» dont les théories libertaires ont exalté le cerveau, a commis, lundi après midi, un crime odieux. Quelques minutes avant deux heures, elle se présentait 14, rue de Rome, dans les bureaux de l'Action Française où, après une brève attente, elle était introduite dans le cabinet de M. Marius Plateau, secrétaire général de la Ligue d'A. F. qui, l’ayant déjà vue une fois, la reçut sans défiance. L’entretien dura environ vingt minutes. C’est au moment où son interlocuteur la re conduisait que Germaine Berton, sur le seuil même de la porte, sortit un revolver de son réti cule et, par cinq fois, presque à bout portant, fit feu sur Marius Plateau qui, à cet instant, lui tour nait le dos. Une des balles atteignit le malheureux à la nu que ; une autre lui traversa le cœur. Au bruit des détonations, trois de ses amis, MM. Bernard de Ve8$n«> président de la Ligue d’A. F., Berger, trésorier, et Gollot, rédacteur, qui se trouvaient dans la pièce voisine, accoururent. Ils reçurent dans leurs bras Marius Plateau. Celui-ci, haletant, murmura : « J’ai deux balles dans le corps ! » et s’effondra. Il expirait un instant après. Pendant ce temps, Germaine Berton dont per sonne encore, au milieu de l’émotion générale, n’avait surveillé les gestes, tentait de se tuer en se tirant un coup de revolver dans la poitrine. Elle se faisait une blessure, qui apparut d’abord assez légère, au-dessous du sein gauche, et tomba en syncope. Quand elle reprit connaissance, ses premières paroles furent : « J’ai fait mon devoir. Si je meurs, dites-le à ceux du Parti ! » M. Torlet, commissaire de police de la rue d’Anjou, averti par téléphone, vint sur les lieux du drame procéder aux constatations et à un premier interrogatoire. — Je suis née le 7 juin 1902, à Puteaux, déclara Germaine Berton. Mon père, Arsène Berton, est mort ; ma mère est infirme. Ce sont les camarades du parti qui me font vivre. — Quel parti ? — Le parti anarchiste. — Mais il y a plusieurs groupes ? Auquel ap partenez-vous ? — A celui reconnu par le Congrès. Et, comme le commissaire lui demandait pour quoi elle avait tiré sur M. Plateau, Germaine Ber ton répondit : — Ce n’est pas lui que je voulais atteindre. C’est Daudet. Je le tiens pour le plus grand res ponsable de la guerre qui revient. J’ai vengé Almereyda et Jaurès 1 — Avez-vous des complices ? — Non. — D’où tenez-vous votre revolver ? — C’est un ami qui me l’a donné ce matin. On le voit, les réponses de la jeune meurtrière furent nettes. Aucune expression de regret n’en atténuait le cynisme. Elle a été transportée à l’hôpital Beaujon, où elle demeure consignée. LA VICTIME M. Marius Plateau, la victime très regrettée de ce drame, était âgé de 36 ans.II appartient depuis 1908 à Y Action Française, dont il était un des chefs les plus ardents et les plus sincères, et fut l’un des fondateurs des Camelots du Roi. En 1914, à la déclaration de guerre, il était ser gent de réserve au 355e d’infanterie. Il devança l’appel de sa classe. 11 combattit d’abord dans la Wocvre, au mois d’août, puis aux environs de Senlis et prit part à la grande bataille de la Marne. A Fontenoy, le 20 septembre, sur la rive droite de l’Aisne, sa compagnie reçut l’ordre d’en lever une crête. Plateau, avec un héroïsme admi rable, s’élança, entraînant ses hommes. De sa section, décimée par un feu violent, il se vit bien tôt debout avec un unique compagnon. C’est à ce moment qu’il reçut une balle à la tête qui lui fractura le rocher. Amené au Val-de-Grâce dans un état presque désespéré, il demeura longtemps entre la vie et la mort. Il fut trépané. Sa conduite à l’attaque de Port-Fontenoy lui avait valu, le 28 janvier 1918, celte citation : A l’ordre de l’Armée : « Vaillant sous-officier. Le 20 septembre 1914, à l’attaque de la position de Port-Fontcnoy, tous les officiers de la compagnie étant tombés, a fait irruption sur un glacis battu par des feux de mi trailleuses d’une extrême violence pour faire di version et attirer sur lui l’attention de l’ennemi. « A enlevé ses hommes par son commandement...

À propos

Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.

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