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La Gazette de Château-Gontier, 3 février 1929

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La Gazette de Château-Gontier
3 février 1929


Extrait du journal

On nous écrit : Monsieur le Directeur, Vous avez bien voulu, dans votre numéro du 13 janvier, publier une lettre de M. Henry Dorgères, où il parle des Assurances sociales ; et vous demandez en terminant, aux Cultivateurs, de vous écrire et de vous dire ce qu’ils en pensent. Puisque vous voulez bien vous occuper de cette question si délicate, je tiens à vous dire ce que l’on en pense dans ma région du Segréen. Pour moi personnellement, j’ai été domestique depuis l’âge de 14 ans jusqu’à 32 ans. A force d’économies, je me suis marié à cet âge et j’ai pris une petite ferme de 10 hectares. Après la guerre, j’en ai pris une plus grande : 25 hectares. Et je remarque dans ma région que 90 pour 100 (les domestiques en font autant ; il n’y en a pas 10 pour 100 qui sont encore domestiques à 60 ans ; car ceux qui ne peuvent pas prendre de ferme prennent un autre petit métier quel conque, et travaillent à leur compte eux aussi, ce (mi est le rêve de chacun, et ce qui est bien naturel. J’irai même plus loin : je dirai que s’il n’y avait pas les domestiques pour exploiter les fermes, il en resterait sans fermiers. Donc, tous ces hommes et ces femmes-là ne voudront jamais verser leiys économies, jusqu'à 30 et 35 ans, pour le « roi de Prusse ». Et presque tous les domestiques sont d’accord pour dire qu’ils sont aussi bien capables (l’éco nomiser leur argent qu’ils sont capables de le gagner, et qu’ils ne veulent pas travailler de 5 heures du matin à 5 heures du soir à Noël, et de 4 heures du matin à 9 heures du soir à la Saint-Jean, comme il faut le faire à la can\pagne, pour donner tous les soirs 2 francs de leur salaire. Je connais même un père de famille qui est domestique. Il m’a dit carrément qu’il préférait emporter deux livres de pain chaque soir à sa femme, pour nourrir sa famille, que de donner deux francs de son salaire. Ils disent tous qu’ils ne veulent point des assurances obligatoires, mais des assurances facultatives pour ceux qui le voudront. Passons maintenant aux cultivateurs. Je vous dirai, Monsieur, que je n’ai jamais vu les cultivateurs aussi découragés ; ils ne veulent à aucun prix des assurances obligatoires ; ils sont tous d’accord, comme M. Dorgèrcs qui le dit si bien ; que les domestiques qui voudront s’assurer prennent un contrat d’assurance à leur gré ; quand ils seront pour se gager, ils présen teront leur livret en disant qu’ils payent leurs primes d’assurés et demanderont à leur nouveau patron de payer sa part, et ils trouveront à s’embaucher facilement ; mais s’il en était autre ment, beaucoup de cultivateurs parlent de transformer leurs cultures en herbages et de se passer de domestiques. D’autres parlent d’abandonner les grandes fermes et de se rabattre sur les petites, pour faire leur travail seuls, car celui qui sera obligé de payer des domestiques, en plus des autres charges déjà si écrasantes, ne pourra y arriver ; beaucoup do fermiers, surtout ceux qui com mencent, les jeunes, ne pourront faire leurs affaires. Donc, ee sera la ruine des fermiers, la ruine des domestiques qui ne trouveront pas facile ment à s’embaucher, puis la ruine de la terre ; enfin, la ruine du pays tout entier. Voilà, Monsieur le Directeur, ce que l’on pense à la campagne de la loi des Assurances sociales. Un Cultivateur du Segréen....

À propos

Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.

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