Extrait du journal

forme primitive de la tragédie, et ce chœur de spectateurs idéaux «ont in compatibles. Que serait une espèce d’art dont l’origine remonterait à la notion du spectateur envisagée sous la forme spéciale du spectateur en soA Le spec tateur sans spectacle est une conception absurde... » Certes, pour goûter un vrai, un pur plaisir esthétique, une joie sans alliage, non fortuite, il faut savoir, pou voir écarter les motifs que la réalité nous apporte trop directement, afin de nous intéresser à l’œuvre d’art. L’homme grossier est obligé d’accepter ces motifs qui sont un stimulant pour son goût, mais le connaisseur ne les envisage qu’en second lieu, ou plutôt, il n'y pense même pas. Je ne m’occupe point de la valeur exacte du talent de Schiller. Je dirai seulement que,comme esthéticien, il me semble plein d’intérêt. Ses lettres à Gœthe abondent en idées. Elles sont énoncées en appuyant parfois ; elles sont souvent originales et profondes. Dans la préface de sa Fiancée de Messine, Schiller parle du chœur et le considère comme un rempart vivant dont s’entoure la tragédie, afin de se préserver de tout mélange, de se séparer du monde réel et de sauvegarder son domaine idéal et sa liberté poétique. « Par cet argument capital, dit Nietzsche, Schiller combat l’idée généralement admise du naturel, de l’illusion communément exigée delà poésie dramatique. Alors que, sur le i théâtre, le jour lui-même n’est qu’arti-...