Extrait du journal

La journée Je Fourmies avait été une journée triste. La journée d'hier est plus triste encore. Le malheur du t" mai était un grand malheur publie. Le vote par lequel on a refusé de le réparer est un malheur plus grand encore. Eh quoi ! On avait refusé l'enquête, on n'avait pas voulu rechercher les responsabilités, on n'avait pas voulu que cette question s'éternisât. Lo refus de l'enquête que nous avions profondément regretté ne pouvait se justifier que par une mesure immédiate qui détruirait, qui anéantirait tous ces affreux souvenirs. Cette mesure, que commandaient les plus hauts intérêts do la République, c'était l'amnistie. L'amnistie a été refusée, comme l'enquête. Il reste la tache de sang - de sang innocent, comme dira tout à l'heure Clemenceau - et c'est avec cette tache sur ses mains que la République va être obligée de ramener à elle le peuple des travailleurs. Les pires ennemis de ce régime n'auraient pu lui souhaiter un plus grand mal. Fassent les événements que te peuple, dans son instinct et sa clairvoyance, n'impute pas it la République, qui est l'instrument nécessaire de son émancipation politique et économique, la faute de ceux qui, asservis à de prétendus principes de bonne administration, n'ont pas voulu comprendre que la politique de paix civile commandait hier cet acte de clémence et d'oubli !...