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La Liberté, 28 novembre 1899

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La Liberté
28 novembre 1899


Extrait du journal

n dicton, qui nous vient de l'antiquité romaine, ce qui ne m'empêche pas de le trouver absurde comme sont beaucoup de dictons populaires, affirme que le préteur, c'est-à-dire le haut magistrat, ne doit pas s'occuper des petites affaires. Et pourquoi donc ? Les petites affaires ne sont-elles pas au contraire celles avec qui chacun de nous est aux prises chaque jour 1 On a a pas,|tous les jours, un grand procès à soutenir, un grave intérêt à défendre. Il y a même des gens qui ont eu la sagesse, dont je les loue, et le bonheur, dont je les envie, passer leur vie sans avoir connu de grosses difficultés. Mais personne n’est à l'abri des petites misères de la vie. Et ce sont surtout celles-ci qu il serait utile de noms éviter, ce qui ne parait pas très difficile. Alphonse Karr, dont le lion sens a été parfois paradoxal et d apparence plus que réel, a eu cependant certains aperçus très justes de la vie, surtout quand il a soutenu qu'elle pouvait être heureuse ou malheureuse, selon que les petits incidents dont elle est surtout faite vous étaient agréables ou pénibles. Il aimait à dire, par exemple, que s'il est heureux d avoir un ami dévoué qui, si vous tombiez à 1V«au, u’y jetterait pour vous repêcher, il est plus agréable encore d avoir un ami moins héroïque, mais de bon caractère et facile à vivre, si le premier, en compensation de son dévouement, a un caractère abominable i ; passe mb temps à vous contrarier. Car, disait-il, il est très rare qu'on tombe à l'eau. 11 y a des gens, même, à qui ça n'arrivera jamais, tandis que tous les jours on dînera, on se promènera avec son ami, et les choses seront plaisantes ru insupportables avec lui, selon 1 humeur dont il sera coutumier. Je transporte volontiers le raisonnement d’AIpelouse Karr dans les choses de la vie publique. Il est assez rare qu on ait à débattre avec l’autorité des questions de ’ ic ou de mort. Mais on a, tous les jours, de petites affaires avec l’administration. Kt n est-il pas odieux d’ère oblige de constater que les petites choses de la vie i jurant sont réglées et régies le plus t ai vent d*- la façon la plus contrariante et la plu* absurde ? Et pourquoi le prêteur ne s'occuperait-il pas de couper court à ces contrariétés, de réformer ces absurdités T Pourquoi le préteur, pourquoi la haute autorité n'empvcherait-elie pas les taquin ri -s et les sottises dont nous pouvons • ’ \ intimes chaque jour et, pour ainsi due, à chaque heure du cour 2...
La Liberté (1865-1940)

À propos

La Liberté est un quotidien fondé en 1865 par Charles Muller, publiciste et polémiste. En 1866, il est acquis par Émile de Girardin, qui quitte sa fonction de directeur à La Presse pour le diriger jusqu'en 1870. Considéré comme l’un des concepteurs de la presse bon marché, il va sauver le titre en faisant passer son prix en dessous du prix de revient, et en inventa un nouveau cadre : il réduit la taille des articles, et intégra des rubriques uniques de sports, d’actualités régionales ou de littérature.

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