Extrait du journal

J'ai eu, en effet, entre les mains, un manuscrit, bourré de documents, qui portait ce titre : « Les Dessous de la Politique •, et qui, s'il était publié, déterminerait sans nul doute quelques grincements de dents cites des gens qu’assurément M. Clemenceau connaît bien. Il n’est pas dit, d'ailleurs, que ce manuscrit ne sera jamais publié. Kl A la place de certains, qui ont si dédaigneusement traité naguère celui qu’ils appelaient • l’homme des grands bars », je redouterais sa vengeance posthume. Ouénée, qu’on le sache, était un des hom mes les plus sûrement renseigné sur les des sous de la vie parisienne. Avant d’entrer au ministère de la guerre, il avait fait partie du personnel de la préfecture do police, comine inspecteur de la première brigade, celle des jeux... Malade circonvenu, menacé, il n’avait pas dit, lors de l'enquête de la cour de cassation, tout ce qu'il savait. Il le regrettait — et il avait su l’imprudence de déclarer devant té moine que, s’il était appelé A déposer devant le conseil de guerre de Rennes, il ferait con naître par le menu le résultat de sa filature de Dreyfus, en France et à l'étranger. Sa mort n’est peut-être qu'une cruelle con flrmstlon du proverbe : • Trop parler nuit. * Mais ce qu’il n’avait pas dit encore, il l’avait écrit... La question est do savoir si ceux fc qui il a confié ses papiers les publieront... Gaston Mery....