Extrait du journal

PANAMISTES & SOLDATS En bel ordre du jour Nous lisons dans la France militaire : Des pamphlets hostiles à l'armée ayant été distribués à la porte des casernes d'Angers, le général Hartschmidt, commandant la division, a adressé aux troupes l'ordre du jour suivant : « Il a été rendu compte au général de division commandant d’armes, que des individus distribuaient dans la rue, aux militaires de la garnison, des exemplaires de leurs journaux dans lesquels on dit pis que pendre de leurs chefs. Les militaires savent bien qu’il n’y a pas un mot de vrai dans tout ce que di sent ces journaux, attendu que, si les officiers étaient réellement des coquins, on en aurait trouvé dans le Panama et dans toutes les cochonneries qui se sont faites depuis dix ans et plus, et qui ont ruiné des millions de Français. Or, on n’a pu citer que le nom d’un seul officier compromis dans ces malpropretés. Que les militaires continuent à servir honnêtement, comme ils l’ont toujours fait; qu’ils aient confiance dans leurs chefs, dont les mains sont propres ; qu’ils laissent les bavards crier des inepties dans les journaux et qu’ils portent aux latrines les journaux qu’on leur distri buera, les murs n’en seront que plus propres. » ENCORE JOSEPH FABRE Connaissez-vous l’histoire du pochard et du bec de gaz ? Elles est toujours bonne à raconter. Un bon pochard avait trébuché cer tain soir en voulant franchir le trottoir, et il était tombé la figure sur un bec de gaz, ce qui n’étaitpoint fait pour adou cir sa chute. 11 resta là quelques heures à cuver son vin, puis la fraîcheur de la nuit aidant il reprit ses sens, en même temps qu’il entrait en une colère violente contre les becs de gaz : « Je me vengerai, murmurait-il, je me vengerai î ». Le len demain, il était toujours dans les mêmes idées de vengeance, et il écrivit au pré fet de police une longue lettre dans la quelle il demandait l’immédiate suppres sion de tous les becs de gaz ! Je ne veux point établir de comparai son entre M. Joseph Fabre et ce joyeux pochard, mais il me semble que l’un et l’autre comprennent la vengeance de la même façon. . Nos lecteurs ont pu voir, hier, que M. Joseph Fabre s’apprêtait à déposer sur le bureau du Sénat une proposition de loi contre la liberté de la presse. Le sénateur de l’Aveyron demande que les journalis tes qui auront attaqué un député ou un sénateur ne soient plus poursuivis devant le jury, mais devant la police correction nelle. Eh bien, il me semble que M. Joseph Fabre n’était pas qualifié pour déposer une pareille proposition. En le faisant, il nous indique qu’il n’a pas encore par donné au jury de la Seine le verdict d’acquittement qu’il rendit en ma faveur il y a quelques semaines. Avec assez de raison, je le reconnais, M. Joseph Fabre i se dit que s’il avait pu me traîner devant une chambre correctionnelle, j’eusse été assurément condamné, ce qui le dispen serait de payer quelques milliers de francs de frais. J’ai pu devant'le jury faire la preuve de ma bonne foi, et le jury m’a acquitté. EÊt-ce que devant des luges de police correctionnelle cela compte la bonne foi...