Extrait du journal

Monsieur le premier Président, Messieurs, Il y a un an, à cette place se levait un homme dont la voix a laissé de l’écho dans cette enceinte. Il vous entretenait, à la reprise de vos audiences, d'une de ces questions de philosophie sociale où se complaisait son esprit; matière abstraite, mais dont les principes et la langue n'avaient pas de secret pour lui. Eu l'écoutant, je me disais que chez M. le procureur général Bertauld la vigueur intellectuelle était d'accord avec celle de l'organisation physique. A ce moment, nul n’eût pu prévoir que ses jours étaient comptés. Cette vigueur s'est maintenue pendant quelques mois encore. M. Bertauld a paru plusieurs fois aux audiences, où il aimait tant à se faire entendre. Le 29 décembre, dans une calcaire soumise à la chambrecriminelle, il donnait des conclusions d’une remarquable solidité. Mais au commencement de cette année, la maladie l'a éloigné de vous. Il a lutté longtemps, avec l’énergie propre à sa nature ; mais il a succombé, et le 12 avril 1882, 1a Cour de cassation a mené le deuil de son procureur général....