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La Petite Gironde, 4 mars 1880

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La Petite Gironde
4 mars 1880


Extrait du journal

qui a assez peu d’honneur pour n’être point sea sible à la réprimande s’accoutume aux coups comme un esclave et se raidit contre la punition. Inutile d’avertir que les soufflets, les coups et autres traitements pareils sont absolument inter dits aux maîtres. Us ne doivent punir que pour corriger, et la passion ne corrige point. Qu’on se demande à soi-même si c’est de sang-froid et sans émotion qu’on donne un soufflet à un enfant. La colère, qui est elle-même un vice, peut-elle être un remède bien propre pour guérir les vices des autres?...». L’inspecteur de la Charente s’applique ensuite à répondre aux objections par les quelles on a parfois prétendu justifier les punitions corporelles infligées aux enfants indisciplinés. Il se peut, dit-il, quoique les cas soient fort rares, qu’il se trouve dans les écoles des natures indomptées, à l’égard desquelles sont impuissants les conseils, les punitions ordinaires, les ap pels au sentiment de l’honneur et du de voir, et qui demeureraient indomptables sans l’emploi des châtiments corporels. En ce cas, la tâche ne revient pas à l’ins tituteur. Quand les moyens ordinaires ont été sans effet, l’enfant doit être rendu à sa famille. C’est une mesure extrême sans doute, mais if ne faut pas la faire précé der par de mauvais traitements. A ceux qui objectent que le père et la mère ne se privent pas de frapper leurs enfants, M. Aulard répond, sans approuver ni blâmer la conduite des parents, que le maître, qui tient pourtant en grande par tie la place du père auprès de l’enfant, a des pouvoirs plus limités. Le père luimême ne peut franchir certaines limites; d’ailleurs, son bras est arrêté à temps par sa tendresse; l’instinct qu’il y a en lui est p us fort que la colère,et il l’apaise presque toujours avant que la colère ne l’emporte. La distinction établie par M. Aulard est fort juste. Il est certain que le maître, après avoir frappé dans un moment d’im patience, s’habitue à la violence, laquelle se transforme en une sorte d’ivresse bru tale troublant la vue et le jugement. Cette, fureur aveugle est, de plus, un mauvais* exemple donné à sa classe par le maître : « Ne frappez donc jamais vos élèves, dit l’inspecteur; pas de petite tape, pas de chiquenaude; prenez garde au crescendo* presque inévitable. Conservez votre sangfroid, et avec lui votre dignité et votre autorité. » M. Aulard engage encore les maîtres à, éviter les expressions grossières et mépri santes, les mots provocateurs. Enfin, outre les punitions corporelles et les termes injurieux, il blâme ces peines disciplinaires en usage dans certaines éco les, empreintes de la même sévérité inin telligente, et qui consistent à donner des...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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