Extrait du journal

long effacement, s’était offert le venimeux plaisir de traiter la noble femme qui lui avait servi de mère comme une servante infidèle que l’on congédie. Des paroles inoubliables venaient d’ê tre prononcées. * Maintenant, les deux sœurs se taisaient, et ce silence, gros de significations, ca chées, les séparait davantage encore que la violente scène de tout à l’heure. Ce fut à ce moment que le docteur Bar ryet se précipita, plutôt qu’il n’entra, dans le salon. Surprises par cette irruption brusque, Germaine et Valérie sursautèrent. — Dépêche-toi, criait le docteur à sa femme, nous partons ! Madame Barryet attacha sur lui un re gard inquiet. — Que dis-tu ? fit-elle sans bouger, com me si elle n’avait pas compris. H frappa du pied. — Tu es donc sourde?... Je te dis que nous partons, que nous rentrons chez nous, à Madiran... Là! est-ce clair? — J’entends bien, répliqua Valérie, du môme accent incertain. Mais je croyais que nous devions rester ici jusqu’à... Elle n’acheva pas et, à la dérobée, dé signa sa sœur d’un coup d’oeil. Kn toute autre circonstance, le docteur Barryet n’eût pas manqué de tenir comp te de cette indication muette; mais sa disposition particulière, ce jour-là, ne lui laissait que la faculté de s’irriter contre la résistant opposée au besoin de"fuir qui le harcelait. Il s'exaspéra : — Tu croyais mal, voilà tout!... Suis-je le maître, oui ou non?... Sois prête, ainsi que Maurice, avant cinq minutes ! 11 disparut en ouragan, comme U était entré, et sa voix résonna dans l’arrièrecour, où 11 commandait sa voiture. Visiblement contrariée, sac liant bien ou’il ne lui restait qu’à obéir, madame...