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La Petite Gironde, 12 septembre 1885

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La Petite Gironde
12 septembre 1885


Extrait du journal

Tant de fois ils avaient passé là ensemble, ces branches ruisselantes les arrêtant au passage, la courbe de ces chemins humides les liant plus étroi tement l’un à l’autre! Si souvent les corolles de ces fleurs effeuillées avaient réuni leur souffle 1 Et, de tous ces rameaux, secoués par l’averse, tourmentés par l’ouragan, pleurant goutte à goutte sur le sable des allées, montait encore vaguement un long chu chotement amoureux. Elle frissonnait, gagnée par ce passé, reprise par les sensations qu’elle avait vécues, ressaisie par les émotions qui l’avaient énervée, et elle se tordait les bras, gémissante, éplorée, brisée de honte. Hélas I les incidents les plus intimes de ce roman à peine ébauché prenaient pour elle des proportions tragiques. Au souvenir des moindres tendresses de Roger, des rougeurs ardentes lui montaient au front. Les pressions de main, les baisers furtifs la brûlaient encore. Et humiliée, palpitante, elle prenait pour une révolte de pudeur le regret inavoué des bonheurs perdus. . , Elle resta longtemps ainsi, inconsciente, passive, accablée. La nuit pâlissait. L'-s nuages s’éparpillaient en flocons cotonneux, laissant comme une transpa rence laiteuse sur.la clarté du ciel. Lentement, sur le fond gris de l’aube, une lueur ambrée montait à l’horizon. .. ..... Sa tête s’alourdissait, elle respirait avec un peu de gêne. Elle se jeta, à moitié déshabillée, sur son lit, et un sommeil lourd, fermant ses paupières, mit sur ea poitrine l’oppression du rêve. Quand elle sreveilla, le soleil entrait par la fenêtre entre-bâillee, jetant au parquet des hachures lumi neuses. Elle se leva péniblement. Elle se sentait très lasse et comme absorbée, avec des douleurs sourdes dans la poitrine et dans le dos. Pourtant, au désespoir de la veille avait succédé une sorte d’apaisement. Elle avait réfléchi. Elle comprenait qu’il lui restait a faire une chose nécestaire et cruelle. Cette chaîne que Roger trouvait...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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