PRÉCÉDENT

La Petite Gironde, 15 août 1899

SUIVANT

URL invalide

La Petite Gironde
15 août 1899


Extrait du journal

en arrivassent a ce point qu’on finit par persuader aux braves soldats qui ont à juger cette affaire que ce n’est pas sur l'innocence ou sur la culpabilité de Drey fus qu’ils ont à so prononcer, mais bien sur toutes les polémiques, sur toutes les discussions et sur toutes les manifesta tions auxquelles l’armée est aujourd'hui mêlée. Voilà le sophisme qu’il s’agit de com battre, voilà le péril qu’il faut éviter, si l’on veut que le jugement qui doit inter venir soit rendu en toute clarté et en toute bonne foi. Et c’est pourquoi, on ne saurait trop le répéter à mesure que le procès se déroule, chacun doit s’efforcer de contenir le plus possible ses passions. Il sera toujours temps de reprendre plus tard nos polémiques féroces, puisqu’il parait que c'est un besoin de notre na ture. Mais pour l’instant il ne faudrait pas oublier que ce qui se débat, ce n’est pas telle ou telle considération passagère, telle ou telle cause particulière, mais bien l’intérêt supérieur et permanent de la justice et do la vérité. Après les deux terribles années qu'il vient de passer, le pays veut savoir. Il veut, lui aussi, comme les juges, tout voir et tout entendre; mais il ne faut pas pour cela qu’on so livre autour de l’en ceinte même do la justice à des batailles qui obscurciraient sa vue et qui assour diraient ses oreilles. Une trêve de deux semaines est-elle donc si difficile à ob server, quand il s’agit du bien le plus précieux d'un peuple, la sauvegarde do la justice et de la vérité ! On peut l’essayer, tout au moins. C’est un devoir pour tout le monde, mais c’est surtout une obligation impérieuse, une obligation sacrée pour ceux qui, étant à Rennes, se trouvent avoir une responsa bilité plus directe et font, en quelque sorte, figure de témoins dans ce redouta ble et tragique duel où la vie d’un homme, plus que cela, son honneur est engagé! Emmanuel ARENE....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • dreyfus
  • cavaignac
  • casimir-perier
  • labori
  • jouaust
  • esterhazy
  • henry
  • picquart
  • drey
  • boisdeffre
  • rennes
  • paris
  • munster
  • landes
  • france
  • bruxelles
  • charente
  • ea
  • ely
  • rouen
  • cour de cassation
  • conseil de guerre
  • conseil de cabinet
  • la république
  • sénat
  • journal officiel
  • m. c
  • union postale
  • armée française