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La Petite Gironde, 23 octobre 1879

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La Petite Gironde
23 octobre 1879


Extrait du journal

— Voici le soleil qui passe en aval, dit la jeune femme; mon mari ne va pas tarder à revenir. — Et Dieu veuille qu’il ait fait heureuse pêche, reprit Douât, car le sire comte Oddo traite les trois chapitres demain matin... Gavaud est un digne chrétien, ma fille, et je m’afiligerais de tout ce qui lui porterait malheur... Aloïse n’écoutait pas. — Père, dit-elle brusquement, leurs vaisseaux, à ces hommes du Nord, qui dévorent les enfants, pourraient-ils remonter la Seine jusqu'ici? Donat aurait peut-être été fort embarrassé de ré pondre. Mais il lui vint un auxiliaire inattendu. Le petit Roland cessa de fouetter son manche de gaffe. — J’ai vu un bateau grand comme une maison, s’écria-t-il; je l’ai vu! — En rêve, enfant!... voulut dire Aloïse. Mais le petit Roland prit un air d’importance. — Mon lit est dans l’embrasure, reprit-il; je vois tout sur reait quand il fait clair de lune. Aloïse était si pâle que la toile de lin de sa coif fure ne tranchait plus sur son beau front. L’enfant poursuivait: — Le grand bateau s’est arrêté en aval, sous le banc du passeur... il a viré et reviré comme s’il avait cherché un canal... et puis la lune s’est ca chée derrière un nuage, et je n’ai plus vu le grand bateau... Ce matin, j’ai regardé: il était parti. Frère Donat coupa le nez de son saint, par suite d’un mouvement nerveux qu’il eut. — Ils sont déjà venus, les coquins, murmura-l-il, en l’an 44, du temps de l’empereur Charles le Chauve... Vous n’étiez pas née alors, ma fille... Ils sont déjà venus, et Dieu sait ce qu’ils ont fait de ruines autour de Paris! — Les avez-vous vus, mon père? demanda la jeune femme. — J’étais tout enfant... mais s’il Xaut écouter mes souvenirs, je dois avouer que les Normands de ce temps-là n’avaient ni dents de loup, ni griffes de bêles fauves, ni cornes de bœuf*.*.. ÇWeiIk dei...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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Données de classification
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