Extrait du journal

devant vous, Messieurs ; c’est au nom d'un innocent que j’élève la voix et que je solli cite, non votre indulgence, mais votre justice ! On voit d’ici le jeune maître s'affalant sur son banc, écrasé d’émotion après cette péroraison jaillie du cœur ; l’accusé, se penchant derrière lui pour lui presser la cuillère, et adressant ensuite à sa vieille mère un long regard de martyr tardive ment vengé. On ne condamne que légèrement le jeune homme vertueux, et quelques mois après, chez le commissaire : — Tiens! mon défenseur ! Fait’excuse, mon avocat ; elle est bien mauvaise !... Il est permis, au contraire, de la trouver bien bonne. On a jugé hier, itérativement, ce jeune homme atteint de filouterie chronique et invétérée. Si j’avais été averti, je me serais rendu volontiers à la onzième chambre, pour voir un peu, ou plutôt pour entendre ce que son nouvel avocat a pu dire cette fois pour sa défense. 11 y avait là vrai ment pour un dilettante un bon petit quart d’heure à passer, car assurément l'avocat chargé de le défendre aura trouvé quelque chose à dire en sa faveur ; mais quoi?... Voilà ce que j'aurais voulu savoir ; voilà ce qui m’intrigue. Quant à la complice de Couprié — tel est le nom dont on le nommej— quand le président lui a demandé quelle était sa profession, elle a répondu honnêtement ce simple mol : — Voleuse. Cette peu commune sincérité n’a pas suffi à désarmer les juges. Lui et elle ont encaissé une condamnation à dix-huit mois de prison. Je me propose de revenir sur le rôle de l'avocat, sur ce qu’il est et sur cc qu’il de vrait être : il y a là-dessus beaucoup à dire, et cela présente bien autant d’intérêt que les ablutions du député musulman, ou les démêlés de Mmc’ Jeanne Gianicr et Sarah Bcrr.hardt....