Extrait du journal

Vous vous figurez qu’un monsieur très grave vient posément dire au marchand, après avoir vu verser du vin dans un verre ; — Donnez-moi donc la bouteille et ce qui reste de son contenu, je suis inspec teur du laboratoire municipal et je vais faire vérifier votre marchandise. Non, voici comment on procède généra lement. C’est un débitant vierge de toute condamnation qui nous a raconté la chose. Le débit est garni de clients qui se pressent autour du comptoir ; on boit, on trinque, lorsqu'arrive un ouvrier, vêtu d’un bourgeron, sa boite d’outils sur l’é paule ; il est bavard, exubérant, offre une tournée, une autre, puis finalement un verre « du meilleur ». La première gorgée avalée, un petit claquement de langue : — Diable, c’est du bon, celui-là. — Oui, fait le marchand, mais il coûte plus cher. — Ce n'est pas comme l’autre; est-ce qu’il n’a pas pleuré quand on l'a bap tisé? Eclat de rire général, dont le débitant firend sa part, devant une petite tape sur e ventre que lui envoie le brave artisan qui ajoute en souriant d'un air bon homme : — Faut bien le baptiser un peu ! — Tiens ! répond le « troquet », com ment y trouverait-on son compte sans ça. — Fort bien, répond l’autre, alors vous avouez; et de la boite à outils il sort une écharpe, je suis inspecteur du laboratoire, et par conséquent commissaire, continue le taux ouvrier, je dresse procès-verbal de votre aveu. Une saisie d'un litre suit et la condam nation ne se fait pas attendre. Mais revenons aux choses sérieuses, en constatant toutefois qu’il devrait y avoir une façon plus digne, sinon moins adroite, î<...