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La Petite République, 21 mai 1898

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La Petite République
21 mai 1898


Extrait du journal

Il faut y revenir : car tant que la dé mocratie n’aura pas fait justice de ce sophisme, tant que le peuple n’aura pas brisé ce piège, la marche du prolétariat sera suspendue. Les ennemis du socialisme, du vrai, de celui qui veut arracher à la classe capitaliste le privilège de la propriété vont répétant que nous ne sommes pas patriotes. Récemment encore, à propos des paroles menaçantes de M. Cham berlain, ils ont osé prétendre que nous voulions livrer la France désarmée aux coups des autres peuples. C’est une ca lomnie misérable. Nous voulons au contraire donner à la France le maxi mum de force défensive. Et nous disons que la force de la France serait bien plus grande si nos institutions militaires, au lieu d’être organisées dans l’intérêt des classes possédantes, étaient organisées dans l’in térêt de la patrie. Pourquoi les pires gaspillages, dans l’armée et dans la marine,ont-ils été tolérés? Pourquoi les déplorables accidents qui ont immobi lisé tant de nos navires n’ont-ils pas donné lieu à de sévères enquêtes ? Pourquoi les erreurs criminelles qui ont coûté la vie à des milliers d’hommes à Madagascar n’ont-elles été ni châtiées ni même précisées? Parce que la réaction veut que l’au torité absolue des grands chefs, élevés et choisis par elle soit an-dessus de toute discussion. Par là, l’armée tout entière, l'armée du peuple et de la France sera un ins trument passif aux mains des dirigeants: elle pourra être tournée à leur gré con tre le prolétariat, contre la République. Elle sera moins forte contre l’ennemi du dehors. Elle sera plus maniable con tre l’ennemi du dedans. Et pourquoi le recrutement régional que l’Allemagne pratique et qui est si favorable à la mobilisation a-t-il ôté écarté chez nous? Parce que les conser vateurs, les réactionnaires, veulent isoler le plus possible l’armée de la nation, parce qu’ils veulent rompre les liens qui unissent le soldat à ses cama rades de travail. Pourquoi encore la loi de 1889, qui prévoit l’instruction militaire des adul tes, est-elle restée lettre morte ? C’est que les professionnels du militarisme réactionnaire ne veulent pas que l’éduca’ion militaire se confonde avec la vie civile. Ils ne veulent pas que le soldat ait une âme de citoyen : ils ne con çoivent la vie militaire que comme une rupture avec la vie populaire : et iis aiment mieux affaiblir l’armée que de laisser palpiter en elle la conscience même de la nation. Ces prétendus patriotes songent d’a bord à" une caste ou à une classe : la patrie vient après. Et quels pitoyables raisonnements ! J’ai lu hier la dernière feuille volante répandue contre le citoyen Vaillant. « Les socialistes ne voient-ils pas, s’écrie le scribe nationaliste, quelle leçon leur donne la guerre hispano-américaine ? Ne voient-ils pas quelle supériorité à l’Amérique parce qu’elle n’a pas hésité à dépenser des millions pour acheter de beaux cuirassés? — Mais c’est vous, ô nationaliste de sacristie, qui fermez les yeux à la leçon des faits. Ce qui éclate, c’est que l’Espagne a été abaissée et perdue par ses chefs cléricaux et militaires. Sous le gouver-...

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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