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La Petite République, 27 novembre 1902

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La Petite République
27 novembre 1902


Extrait du journal

PROCÈS MILITAIRE EN SUISSE A Genève. — Après la grève générale. Contre ceux qui n’ont pas répondu A l’appel sous les drapeaux (De notre correspondant particulier) Genève, 21 novembre. Ce matin, à neuf heures précises, ont com mencé, dans la salle des assises criminelles, les audiences du tribunal militaire de la lre division, siégeant pour juger les citoyens qui, pendant la grève générale de septembre dernier, n’ont pas répondu à l’appel sous les drapeaux. Sur 250 inculpée, 17 seulement ont été retenus pour le conseil de guerre chargé d’appliquer la loi pénale : les autres ont été déclares passibles de simples peines discipli naires. L’un des accusés tt déjà une fois, en 1898, subi une condamnation pour avoir re fusé de marcher contre des grévistes : c’est notre excellent ami Jean Sigg. Les peines prévues en application de la loi fédérale—qui remonte au 27 août 1851 — sont celles qui ont trait à la désertion « à dis tance de l’ennemi ». Le code fédéral ne fait pas de différence entre les deux cas. Les in culpés sont passibles soit de l'emprisonne ment, soit de la réclusion avec un maximum de .deux ans. La perte des droits civiques pondant une ou plusieurs années peut aggra ver la peine. Le conseil se compose déjugés appartenant à différents cantons, que désignés par l’auto rité militaire fédérale. Le président est M. Adrien Lachenal, lieutenant-colonel, l’un des chefs du parti radical genevois. A neuf heures, tous les « défaillants » se présentent en uniforme tandis qu'un détache ment de fusiliers, baïonnette au canon, assure le service de police dans la salle. Le premier soldat jugé, le citoyen Charles Wiss, a été condamné à deux mois d’empri sonnement et à la perte de ses droits civiques pendant une année. A retenir de l’interrogatoire : Le president. — Pourquoi n'avez-vous pas ré pondu à l’appel du Conseil d’Etat? L'accusé.— Parce que j'étais ouvrier, parce que j'étais gréviste, parce que j'étais solidaire des pro létaires contre lesquels il aurait fallu marcher. Je n'ai pas répondu à l’appel du Conseil d’Etat parce que j'ai écouté ma conscience. Je l'ai déjà dit au juge d'instruction. Le président. — Vous n’avez pas d’autre motif ? L’accusé. — Je n'ai pas d’autre motif. Le président. — Mais n’avez-vous pas compris que le rétablissement de l’ordre intéressait tout le monde, le prolétaire, l'ouvrier aussi ? L’accusé. — Celait une grève pacifique. Et c'est la levée des troupes qui a exalté les ouvriers. Moi je suis ouvrier. Je sais ce qui se disait. Dana la salle, parmi le public, on sent une émotion profonde, une vive admiration pour l’inculpé. A la lecture du verdict, les nom breux ouvriers qui sont là traduisent leur in dignation....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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