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La Petite République, 8 novembre 1903

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La Petite République
8 novembre 1903


Extrait du journal

Le comité exécutif de la Confédération du travail a rédigé un manifeste. Ce docu ment de l’action directe est assez volumi neux. Mais il a un autre mérite à nos yeux : il célèbre comme une victoire le vote par la Chambre de la loi portant sup pression des bureaux de placement. Bien que notre ami Louis Maurice re produise le texte complet du manifeste en question, il me paraît intéressant de vous en mettre immédiatement quelques mots sous les yeux : « La besogne est en bonne voie ! Il ne « suffit pas de se satisfaire d’un premier succès... » Ce premier succès est celui que nous avons remporté, du moins qu’a rem porté la commission du travail en faisant adopter sans difficulté le texte qu’avait rédige son rapporteur, M. Chambon. Nous en jugions nous-mêmes ainsi. Je veux dire que nous considérions comme un succès pour les travailleurs soumis à l’exploitation des bureaux de placement le vole d’une loi qui supprime ces officines non d’un seul coup, mais dans un délai de cinq ans et moyennant des indemnités. Si nous avions adhéré à ces dispositions, ce n’éiait pas qu’elles nous donnassent satis faction pleine et entière. Mais elles nous semblaient de nature à rallier une majo rité à la Chambre et au Sénat. Il ne faut pas oublier, en effet, que cette dernière assemblée a, par deux fois déjà, malgré les efforts énergiques de Millerand, mi nistre du commerce, rejeté des textes ana logues adoptés par la Chambre, sous pré texte qu’ils portaient atteinte à la propriété et à la liberté commerciales. Le projet Chambon lui enlève un de ces deux arguments, puisqu’il accorde une indemnité au placeur exproprié. Nous cou rons donc une chance de plus de réussir au Luxembourg, aussi bien qu’au PalaisBourbon. Voilà pourquoi nous avons voté aveuglément avec la commission. Nous aurions pu, comme tant d’autres, mani fester sur un projet plus accentué. Mais ces manifestations, si elles donnent à ceux qui s’y livrent des attitudes héroïques, risquent de tout compromettre, et finale ment coûtent très cher aux travailleurs. Le député fait le malin, seulement c’est aux frais des pauvres gens. Et voyez comment vont les choses. Parmi les membres du comité exécutif de la Confédération du travail figurent des partisans intraitables de l’action directe, c’est-à-dire ennemis du parlementarisme, des parlementaires, adversaires farouches des politiciens. Hier, ils s’écriaient : « N’attendez rien des députés ; ils vous tromperont cette fois, comme toujours. Agissez par vous-mêmes. L’action directe, il n’y a que ça ! » Aujourd’hui : « Si la loi Chambon est votée, c’est à notre interven tion que vous le devez. » Hier : «Clouons au pilori les traîtresses faux socialistes qui ont voté le projet Chambon». Aujourd'hui : «Le vote du projet Chambon est un premier succès. Faisons en sorte que le Sénat l’adopte à son tour. » Tout cela ne nous semble pas sérieux. Je me trompe. C’est plus aue sérieux....

À propos

La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.

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