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La Presse, 18 juillet 1839

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La Presse
18 juillet 1839


Extrait du journal

— Qui es-tu ?... me demanda le président d'une voix que je reconnus aussitôt pour celle dé Buonarotti. Je dis mon nom. — Que veux-tu ? , — M'unir de cœur et d'action à- de braves gens qui, comme toi, sont sans doute animés du désir de faire triompher la cause de la liberté. — Mais qui t'a dit que c'était pour servir la liberté que nous sommes ici rassemblés? — Qui me l'a dit?., les opinions et le caractère de celai qui m'interroge. — Quelles sont les garanties que tu. nous présentes, jeune homme, pour t'associer à notre difficile entreprise? — Ma vie passée, ma vie actuelle, et ma volonté de tout sacrifier, s'il le faut, pour me rendre digne de la mission pOliiique à laquelle je me crois appelé. . — Quelle est cette mission ? ; i — L'émancipation et la délivrance des peuples'. — Connais-tu ses dangers ? Sais-tu à quoi s'exposent les cœurs géné reux qui se dévouent pour le bien public ? Es-tu bien pénétré des vertus qu'il faut acquérir, des défauts dont tu dois être exempt, pour travailler avec fruit à la grande œuvre de la régénération sociale ? — Celui qui, fuyant le luxe, a réduit et réduit encore ses besoins à la plus simple expression, celui qui cherche à se mettre en garde contre les séductions de l'amour-propre et de l'ambition, celui qui s'est con vaincu que le courage politique, bien plus rare et plus difficile que le courage du soldat, ne peut s'acquérir que par l'étude, la réflexion et la modération des désirs, doit avoir autant et plus de chance qu'un autre de résister aux épreuves quand le moment de s'y soumettre est arrivé. Des paroles prononcées à voix basse me semblèrent une preuve que ma réponse ne déplaisait pas à l'assemblée, que je jugeai devoir être nombreuse au bruit sourd que j'entendais autour de moi. — Ce sont là de belles et sages paroles , jeune homme, répondit le président; mais qui peut nous répondre que tu te conduiras toujours d'après les principes qu'elles expriment? Avant de t'engager avec nous dans une carrière où lé moindre danger que l'on puisse courir est l'in gratitude de ceux même pour lesquels on se sacrifie, écoute tout ce que l'on exige des frères qui sont aujourd'hui disposés à t'admettre dans.leur sein; écoute toute l'étendue de la tâche patriotique qu'ils se sont imposée :...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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Données de classification
  • dufaure
  • lanyer
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  • genève
  • espagne
  • haiti
  • italie