PRÉCÉDENT

La Presse, 21 décembre 1836

SUIVANT

URL invalide

La Presse
21 décembre 1836


Extrait du journal

Néanmoins, bien que la conduite de chacun parût être tracée, tous ' n'en jugèrent point ainsi : les uns (ce fut le.très petit nombre) ne se regardant pas comme déliés de leurs serments, crurent de leur devoir d'abandonner le service, et adressèrent d'honorables démissions ; les autres, considérant les événements de juillet comme un fait accompli, appartenant exclusivement au pays, étaient disposés à demeurer sous les drapeaux. . , Qu'advînt-il? L'émeute organisée, nous pourrions dire régulière dans la rue, pé nétra ardente et passionnée dans les rangs de l'armée et y fut propa gée par ceux-là même qui avaient mission d'y maintenir la règle et la discipline; mais c'est qu'en révolution les passions ne prennent que trop souvent la place de l'équité et de la raison. < Alors.on vit lé vote imprudemment provoqué des sous-officiers et des soldats expulser des corps entiers d'officiers. . Taudis que des officiers généraux d'un esprit mesuré et conciliateur prévinrent par leur sagesse et leur fermeté une dangereuse contagion, maintinrent la subordination et conservèrent à l'état de loyaux défen seurs Toutefois, on ne saurait se dissimuler, qu'en ces circonstances, une atteinte funeste a été portée à la discipline ; et que ses effets s'en feront encore sentir long-temps; mais n'antiçipùns pas sur la marche des événements. . Bientôt le gouvernement releva de la retraite tous les officiers qui, par leur ancienneté de service, y-avaient été admis sous la restaura tion; les uns furent envoyés dans les régiments, et les journées de. juillet obtinrent"leur contingent; les autres reçurent des commande ments plus importants. Ce n'est pas tout. Les quatre années qui suivirent la révolution de 1830 virent frappés par la retraite plus d'un tiers des officiers de l'armée; fait attesté par le chiffre croissant du budget des retraites, supérieur en 1836 au bud get de 1829, bien que pendant cette période il y ait eu douze "millions d'extinctions; de plus, au moment même où l'on imposait la re traite à tant d'officiers en état de servir, on créait des 4e bataillons et des 6e escadrons; autrement dit, on grossissait les contrôles de 2,400 officiers, doubles emplois furent presque immédiatement et im périeusement supprimés par le vote du budget. La conséquence de ces mesures contradictoires fut de placer ces officiers daus une position moins favorable que celle dans laquelle ils étaient avant leur promotion, et de mécontenter tout à la fois, ceux-ci d'abord, puis ensuite les officiers dès corps dont l'avancement devait être inévitablement retardé par l'obligation, juste en soi, d'attribuer une portion dés vacances aux officiers en non activité par suppression d'emploi. (Loi du 19 mai.) Nous exposons les faits, nous ne les jugeons pas; nous dirons plus, il y a des choses qui sont de leur temps. Nous nous bornons à constater les actes qui ont si puissamment con couru à attiédir chaque jour davantage le goût militaire en France. A ces causes nous ajouterons le découragement jeté daus les rangs de l'armée par le vice même de son organisation. D'abord l'annihilation de quelques grades : Celui de lieutenant-colonel, dépourvu de toute attribution impor tante ; Celui de capitaine en second, dans la cavalerie, exclus de toute par ticipation aux détails de l'administration (l'ordinaire excepté) et du commandement. Ensuite, le vide des cadres, c'est-à-dire l'infériorité de l'effectif; qui non seulement enlève toute espèce d'importance au commandement, mais prive encore les officiers des moyens d'instruction. Enfin l'on complétera le tableau des souffrances de l'armée; En jettant un coup d'œil sur les tarifs de la solde, là on verra que de puis plus de quarante ans le traitement de capitaine est resté le même; et que celui des lieutenants ou des sous-lieutenants n'a obtenu que d'in signifiantes augmentations. Cependant le budget-militaire de la France est l'un des plus onéreux, bien que les officiera y soient le plus mal rétribués. Cela est'triste à dire; mais clans l'état des choses on ne doit taire au cune vérité. Or, dans un siècle de progrès et de passions, où les inventions se multiplient, où l'activité se produit sous mille formes, où l'industrie...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

En savoir plus
Données de classification
  • napoléon
  • etranger
  • malpighi
  • ladmiral
  • flourens
  • seguier
  • albinus
  • prony
  • france
  • flourens
  • chine
  • nuoro
  • san
  • bosa
  • espagne
  • paris
  • uruguai
  • amérique
  • grand prix
  • la république