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La Presse, 8 août 1891

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La Presse
8 août 1891


Extrait du journal

C'est aujourd'hui 8 août qu'ont lieu les fêtes des vignerons. Plusieurs sociétés d'en couragement décernent ce jour-là des ré compenses. A vrai dire, ces Sociétés sont peu nombreuses en France, il n'en est pas ide même en Suisse, où les fêtes revêtent un caractère imposant, d'une utilité incontes table, par l'impulsion qu'elles donnent à ce monde si intéressant des vignerons, qui, dans l'espérance de se voir publiquement couronnés le 8 août, mettent tous leurs soins à la culture de la vigne. C'est à Vevey, dans le canton de Vaud, qu'est le siège de la principale Société. Elle porte le nom « d'Abbaye des Vignerons », et â pour devise ces mots : Ora et labora. L'industrie viticole, la plus importante du pays, reçoit une direction fort utile de cette Société qui, tous les ans, au printemps et à l'automne, envoie des experts visiter avec le plus grand soin les vignes du district. Celles qui témoignent de plus d'habileté dans la culture, et du plus beau produit, valent à leurs maîtres des récompenses accordées avec la plus complète impartialité. — Une commission, assistée de deux vignerons experts, dont les signes sont hors concours, inspecte les vignobles et note régulièrement le résultat de son observation. Les deux vi gnerons qui, pendant neuf ans, ont obtenu les meilleures notes, reçoivent une cou ronne et une médaille d'honneur. Vingt-six autres reçoivent des médailles, des primes en argent, des serpettes ou autres outils d'honneur, suivant qu'ils se sont distingués pendant six ou trois ans. Pour être récompensé, il faut qu'à l'intel ligence et au travail le vigneron joigne la moralité. Parmi ces récompenses, lés moins impor tantes sont décernées tous les trois ans. La distribution des autres a lieu pendant la Fête des Vignerons, dont elle est l'objet, et qui se célèbre dix fois par siècle. Quelques historiens en rapportent la fon dation aux religieux du couvent du « HautCret » qui, suivant eux, défrichèrent les ro- . chers incultes des environs de Vevey et y plantèrent la vigne, aujourd'hui la princi pale richesse du pays. Voulant récompenser les vignerons de leur labeur, les moines avaient coutume de les rassembler à Vevey, chaque année, à l'époque des vendanges, et leur accordaient le plaisir d'une procession par la ville, pro cession accompagnée de chants sacrés et profanes, en patois du pays, dans laquelle les cultivateurs portaient leurs instruments aratoires, et qui était suivie d'un banquet. Suivant Ebel, il est à peu près certain que la fête des vignerons date de plus loin que les ordres religieux. Les archives de « l'Abbaye des Vignerons » contenaient à cet égard des renseignements précieux, mais en 1688 un incendie les détruisit presque entièrement, ainsi qu'une grande partie de la ville. La fête des Vignerons a été célébrée, dans le cours du dix-neuvième siècle, en 1819, 1833, 1851 et 1865. C'est le 8 août qu'elle a lieu et la cérémonie commence par la dis-Iribution des récompenses. Le 8 août, dès sept heures du matin, la procession se dirigeait dans l'ordre suivant, au bruit de l'artillerie, vers l'enceinte où les prix devaient être distribués. Le cortège était formé de neuf divisions. En tête de la première, marchaient des musiciens et des aallebardieis revêtus de l'ancien costume des troupes suisses. Venaient ensuite le dra peau fédéral, le drapeau de l'Abbaye, des vignerons couronnés et de jeunes vignerons portant un cerceau au dessus de leur tête ; puis l'abbé, le Conseil, le secrétaire, le con nétable et d'autres dignitaires de l'Abbaye. Suivaient les bergères et les bergers , avec leur commandant, précédé de violons et de flûtes ; de jeunes et jolies bergères avec des. guirlandes de fleurs, le porteur du bouquet, enfin des jardiniers et des jardinières. La Troupe de Paies formait la deuxième, division, dont le chef, précédé de musiciens, était suivi de jeunes filles portant des encen soirs, des corbeilles de fleurs, eti'autel de là. déesse qui s'avançait, vêtue d'un; costame antique, précédée de sa prêtresse et portée par quatre jeunes filles sur un trône à bal daquin. Derrière ellé venaient, par couples, des faucheurs et des faneuses portant la faulx et le râteau; un char de foin, monté par des femmes, fermait la marche. Dans la troisième division, on voyait deux vachers, sonnant de la corne d'Alpè ; des vaçfeêrs ou « armaillés » conduisant des va ches* tous avec le costume qu'ils portant à...

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La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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