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La Presse, 9 juillet 1840

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La Presse
9 juillet 1840


Extrait du journal

j A UiiDAHE ***. Versailles, 5 juillet. , Comme il y a en ce bas monde beaucoup plus de' pauvres que de ri ches, je crois faire action charitable en démontrant à ces derniers les ennuis attachés à la plupart des conditions qu'ils envient. C'est surtout aux appauvris qu'ils appartient de peindre les tortures volontaires que s'impose l'opulence; ils en ont tous fait plus ou moins l'expérience; un homme d'esprit a publié autrefois un livre ayant pour titre les Misères humaines. Misères était là dans son acception de bagatelles-, car c'était simplement le recueil de toutes les petites contrariétés qui sont les cha grins des gens heureux; comme : de laisser tomber la tartine sur laquelle on vient d'étendre avec amour une couche de beurre frais, et dé la rele ver tout hérissée des poils du tapis qu'elle graisse; où bien de revenir attardé de la chasse, de n'avoir que le temps de se débarbouiller, de se laveries mains àlafontaine du vestibule pour rejoindre plus tôt les habitans du château qui sont déjà à table, "et' de s'apercevoir que l'essuiemain n'y est pas. Parcourir le nez et les mains mouillés les escaliers, les corridors avant d'arriver à sa chambre où les serviettes ne manquent pas; mais être certain que le temps qu'on perd ainsi est employé par la "maîtresse de la maison à se plaindre de vous, tandis que vos amis en médisent pour lui plaire. "Voilà de ces misères insupportables;, et. dont les conséquences sont quelquefois aussi graves que leur cause est puéri le. Eh bien! tout cela n'est rien en comparaison des lourdes chaînes dont la vanité charge ses esclaves. Dans la vanité, je comprends la co quetterie comme étant le premier ministre de cette grande puissance; car je ne sais pourquoi on s'obstine à regarder la coquetterie .comme la complice de l'amour; ils n'ont presque jamais de rapports ensemble, pas plus que les agitations de l'esprit avec les émotions du cœur; aussi, la définition du chevalier de Boufflers semble être la plus juste. Mme de C..., coquette de profession,, lui disait avec la fausse naïveté du genre : «J'entends sans cesse déclamer contre les crimes de la coquetterie, mais pour en juger, je voudrais bien savoir au vrai ce que c'est qu'une coquette? — C'est la femelle d'un fat, répondit le chevalier de Boufflers*. » Et cette femelle est souvent l'objet de l'envie ; les jeunes femmes qui la voient toujours parée, toujours vaine et souriante, comme au jour d'un triomphe, ne se'doutent pas des petits et grands supplices attachés à ces faux succès. Dans ma jeunesse, j aimais la mode; je la respecte encore comme une de ces puissances mystérieuses qui soumettent les plus sa-ges à d'incroyables folies ; mais tout en me soumettant avec modération * à soir culte,-j'observais d'un œil philosophique le zèle dé ses grandes prêtresses, et je découvrais souvent que les macérations de nos.pênitens '• pour regagner la protection de Dieu, ou la résignation des martyrs pour...

À propos

La Presse, fondé en 1836 par Émile de Girardin, fut l’un des premiers grands quotidiens populaires français.

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