PRÉCÉDENT

La Quotidienne, 13 juillet 1826

SUIVANT

URL invalide

La Quotidienne
13 juillet 1826


Extrait du journal

! appellent de leurs vœux le régime paternel des anciennes viceroyautés , qu’ils préfèrent aux dictatures modernes. Cet éloigne ment des Américains peur les systèmes nouveaux, éloignement qu’on nierait en vain , est fondé sur la position fâcheuse où se trouve leur pays depuis l’époque où l’indépendance a été procla mée. Les villes ont perdu leur splendeur, les produits des mines sont devenus la proie des étrangers, les navigateurs européens u abordent pins que rarement des côtes infestées de pirates et où, leurs cargaisons risquent d être saisies. Le port d’Acapulco n’est plus fréquenté que^ar quelques Anglais. Les populations de Mexico, de Carthagène, de Caracas, de Lima, sont réduites des deux tiers, et telle est la détresse des nouveaux états, que la Colombie , cette république mère, n’a pas les moyens de payer les intérêts de son emprunt. On a soutenu obstinément que l’indépendance des colonies es pagnoles était favorable aux puissances maritimes de l’Europe puisque le nouvel ordre de choses ouvrait de nouveaux débouchés aux exportations. L’exemple de l’Angleterre atteste combien cette assertion , qui semble vraie au premier examen, est en réalité fausse et dangereuse. Le gouvernement anglais a le premier re connu les nouvel lesrépubliques ; il a traité avec elles pour l'exploi tation des mines, il a obtenu pour ses négocians des privilèges con sidérables. Malgré tous ces avantages, le commerce anglais a fait des pertes énormes dans l’Amérique, et le cabinet de St.-James est peut-être à la veille de déclarer la guerre à Bolivar. En attendant, il est probable que c'est lui qui fait insurger Paëz pour punir le gouvernement de Santa-Fé d avoir conclu un traité de commerce avec les Etats Unis d’Amérique. Ainsi l’Angleterre, même avec l’aide d un monopole exclusif , s'est ruinée là où elle croyait s’en richir. Mais , ajoute-t-on , le territoire de l’Espagne , en Europe, ne forme pas la vingtième partie des vastes pays quelle occupait en Amérique , et sa population est inférieure à celle de ses colonies. A cet exemple on peut opposer l’Angleterre. La population des trois royaumes unis ne s’élève pas à 20 millions d’hommes, et l’Inde en compte plus de cent millions. En général , ce n’est pas aux parti sans des révolutions qu'il faut demander des idées saines en ma tière d’économie politique. Onsaitque le libéralisme est dans l’usage de tout sacrifier à ses systèmes, mêmes les avantages commerciaux des peuples pour lesquels il affecte tant d’attachement L’aveugle ment des hommes de ce parti est tel qu’ils ne s’aperçoivent pas que l’Angleterre , pour arriver au monopole universel , n'a eu besoin que de s’appuyer sur leurs doctrines. Il n’est donc que trop vrai que l'industrie française n’a pas d'ennemis plus dangereux que les libéraux, car ceux-ci 11e transigent pas avec ce qu’ils appellent leurs principes. Semblables aux idolâtres , ils immoleraient jusqu’à des victimes humaines au pied de la statue de la liberté telle qu’ils la»rêvent. Il est vrai que leurs doctrines n’exercent plus d’empire sur les nations, mais malheureusement leurs sophismeset leurs menaces en imposent aux cabinets européens. Ceux-cin’ont pas encore compris que la révolution réfugiée au delà des mers devait nuire à l’ancien monde presqu’autant que si elle y fût restée. Heureusement les peuples d'Amérique commencent à se lasser de l’anarchie qu’on leur a donnée en échange de leur* richesses. Ils supportent impa tiemment le joug des chefs révolutionnaires. Cette république de Colombie dont on nous vantait la puissance est en proie à la guerre civile; ses côtes sont menacées par une es cadre partie de cette île de Cuba dont elle avait rêvé la conquête; ji le Pérou qui lui avait été livré par trahison, lui échappe, du moins le bruit circule en Europe que cètte province a proclame Ferdi\ uand VII aussitôt après le départ de Bolivar pour Panama. Ce chef, au lieu de se rendre au grand congrès est obligé d’aller com battre dans la province de Caracas qui ne veut plu» de sou autorité et qui nê tardera peut-être pas à rentrer sous celle de son légitime souverain. Ainsi dans le nouveau comme dans l’ancien monde les sociétés tendent visiblement à se sauver elles-mêmes, tandis que ceux dont le devoir est de veiller à leur conservation ne font rien pour arrê ter le torrent, et semblent au contraire faire tout ce qu’il faut pour les perdre. Serait il donc écrit dans les décrets de la Providence que jamais la cause légitime ne triompha par ses propres efforts ; que la révolution travailla toujours pour la contre-révolution ; que...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

En savoir plus
Données de classification
  • amérique
  • europe
  • espagne
  • angleterre
  • bolivar
  • colombie
  • france
  • caracas
  • acapulco
  • inde
  • banque de france
  • santander