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La Quotidienne, 21 décembre 1843

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La Quotidienne
21 décembre 1843


Extrait du journal

FRANCE. PARIS, 20 DÉCEMBRE. L’opinion indépendante en France se prononce vivement con tre les forts détachés; ceux même qui les ont votés pour obtenir l’enceinte continue, commencent à rccouaître leur erreur et à regretter leur vote ; on comprend enfin ce que nous avons dit sans cesse, que le véritable moyen de protéger Paris, c’est d’en défendre les abords par des camps retranchés et des forts à dis tance. Maintenant qu’on a fortifié le pouvoir contre Paris en croyant fortifier la capitale contre les étrangers, entreprendra-t-on ce qu’on n’a pas su faire d’abord? Elévera-t-en des lignes de défense à Villeneuve-Saint-Georges, à Sair.t-Germaiu-en-Laye ? Construi ra-t-on des camps retranchés à Lan grès, à Verdun, à Laon, à Or léans? Mettra t-on en bon état les places frontières désarmées pour garnir les forts de la capitale ? Non, sans doute, on ne le fera pas, car le gouvernement qui n’a pas construit ses citadelles en vue de l’invasion, mais en vue surtout de sa politique privée, ne prendrait pas l’initiative d’une dépense considérable à ajouter à l’énorme dépense qu’il a déjà faite ; et alors même que la majo rité parmi les députés voudrait réparer, dans l’intérêt vérita ble de la défense, la faute commise eu 1841, un pareil projet, privé d’ailleurs de toute popularité, irait trouver, comme tant d’autres, l’oubli dans les cartons de la chambre élective. Aujour d’hui les députés ne peuvent que s’opposer aux empiétemeus du pouvoir sur le domaine de la loi. Ils ne peuvent que demander la destruction de tous les ouvrages dont les dépenses n’ont pas été prévues et votées; et ils ne le feront pas. M. Arago a démon tré jusqu’à l’évidence, l’intention véritable de ces nombreuses bastilles qui environnent Paris, aujourd’hui personne ne saurait prétexter cause d’ignorance ; mais quel pouvoir abattra ces forts nés d’uue pensée profonde de despotisme. Le peuple les renver serait dans un jour de colère, mais s’arrêterait-il là? Quand les masses commencent à détruire, sait- ou d’avance ce qu’elles doi vent épargner? Un seul pouvoir peut renverser, au profil de la France, ces citadelles si inutiles contre l’étranger; c’est celui qui les détruirait dans une pensée d’ordre et d’utilité publique, celui qui n’ayant rien à craindre et ayant tout à espérer des Français, pourrait dire à ses généraux devant l’ennemi, comme autrefois Louis XIV à Villars : «Je connais les Parisiens ; écrivez-moi un mot; je traverse leur ville, votre lettre à la main, et je vous amène une armée ! » Pour agir ainsi sur la population, il faut d'abord ré tablir l’esprit public, et les pouvoirs qui ont besoin île bastilles, ont surtout pour objet de le comprimer. Un journal, la Reforme, annonce le départ de Marie-Christine pour Madrid ; si nous l’eu croyons ce départ aurait eu lieu depuis plusieurs jours déjà. Une pareille nouvelle mérite confirmation, mais ce qui nous paraît certain, c’est que cette princesse a tou jours désiré de rentrer en Espagne, et qu’elle a voulu seule ment, avant de céder à ce désir, paraître céder aux vœux, aux sollicitations même des Espagnols ! Maintenant que feia cette princesic à Madrid, où l’appelle bien moins la volonté des Espagnols, que les spéculations de ses par tisans, ses propres craintes des démarches de sa sœur, et le désir de jouer encore un rôle dans ce pays où elle a déjà fait tant de...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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