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La Quotidienne, 7 février 1840

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La Quotidienne
7 février 1840


Extrait du journal

ces belles dames afin de réaliser les paroles de l’Evangile, et changer ces pierres en pain. Nous douions , d’ailleurs , que le Code pénal s’arrangeât de ce mode de bienfaisance. «L’amphithéàtrc circulaire qui garnissait l’intérieur de ia salle était un immense foyer de plumes, de fleurs et de pierreries; on retrouvait là tous les noms historiques et une jeune aristocratie qui dansait sans trop de cérémonie et comme si elle était heureuse d’échapper au moins une fois l’an aux austérités du régime boudeur. Les étrangers étaient nombreux; autour u‘e nous, on parlait toutes les langues; c’était comme une hymne de regrets universels, sur toutes les royautés absolues, ces dieux du pou voir qui s’en vont devant les idées de franchise et d’indépendance comme les dieux du vieil Olympe s’en allaient devant les clartés du christia nisme. »La bourgeoisie s'était fièrement mêlée à cette foule dorée et radieuse; elle aussi avait son faste et scs grandeurs; elle montrait avec une superbe allégresse les merveilles dont l’industrie et le travail l’avaient ornée ; ce n’était pas la pompe grossière des enrichis, c’était quelque chose qui annonçait déjà les habitudes de la fortune. «On se promenait et l’on dansait, sans trop parler de Naples, de Bour ges, des prétendans et des légitimistes, sans trop médire des Tuileries et du peuple, on s’amusait sans colère, et si quelque secrète pensée d’op position assaisonnait les plaisirs de quelques-uns, on ne s’en apercevait aue par un malicieux sourire ; il y avait des quadrilles où l’on frondait, n’y en avait pas où l’on s’imposât le supplice de haïr. «M. Berryer était le lion de ce bal. » Dans le foyer, on avait arrangé une loterie; nous avons revu cette svelte et élégante statue qui présidait l’an dernier aux bals du carême, à ceux qu’une fourberie du carnaval avait appelés les bals de la mode. Cette nuit, la statue avait changé de litre, on la désignait sous le nom de la mariée. Pour les indigens, elle a accompli encore une fois la prophétie; on a tiré au sort ses vetemens et ses ajustemens, scs Heurs, sa robe bro chée, ses guipures, ses bijoux, son éventail, son mouchoir brodé, la tombola l’a dépouillée sans pitié. Tous ces objets étaient des dons dépo sés par les mains les plus blanches et les plus délicates que l’on puisse imaginer; ils étaient l’ouvrage de ces fées de bienfaisance, que le monde peut placer à côté des sœurs de charité. «I es lettres et les arts s’étaient associés à ces génies du bien; des livres, des dessins, des tableaux, des statuettes et des romances, avaient clé pré sentés et acceptés comme offrande; le sort en disposait, et chaque lot fai sait tomber quelque chose dans l'escarcelle des pauvres. Les élus en voulaient presqu’à la fortune de leur enlever le mérite du bienfait; les 1 autres se consolaient de leur disgrâce, en se rappelant les souffrances qu’ils soulageaient; en vérité, cette loterie avait réalisé l’éternelle pro-...

À propos

Publié d’abord sous le nom La Quotidienne en 1792, ce journal royaliste est l’organe principal de Joseph-François Michaud. Historien des croisades, ce dernier est d'abord républicain, puis devient royaliste par hostilité à la Convention. Ces revirements firent changer le journal de nom plusieurs fois durant la Révolution, l’Empire et la Restauration avant de retrouver, en 1814, son titre initial. En 1815, le journal devient la Feuille du jour.

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