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La République française, 27 avril 1901

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La République française
27 avril 1901


Extrait du journal

La France, depuis les terribles événe ments qui l’ont diminuée et mûtilée, s’est appliquée à être forte et à n’exciter ni haine ni colère. Elle n’a rien à se repro cher et n’a fait que subir les conséquences d’une politique réaliste et brutale qu’elle n’a jamais eu le goût ni l’intention d’im poser à l’Europe, lorsqu’elle donnait le mot d’ordre aux autres cabinets. En comparant la période de la politi que créée par Bismarck à celle où l’on ne se battait point uniquement pour s’em parer d’une province ou se disputer une colonie, il est facile de voir ce que l’es prit de conquête et le militarisme alle mands ont valu à toutes les nations de dépenses exagérées et d’efi’orts inutiles. Y persévérer devient pour ainsi dire im possible. L’amour de la paix n’affaiblit pas le sentiment patriotique ; mais, à mesure que les citoyens prennent une place plus grande dans la direction et l’administration de la chose publique, le règne de la force et de la violence s'affai blit. Les peuples savent que la guerre se fait avec leur sang, avec leur or. Plus l’humanité vieillira, plus la guerre de viendra impopulaire. La nation la plus habile sera celle qui trouvera le moyen de suppléer au nombre, aux folles dé penses qu’il entraîne, aux difficultés stratégiques qu’il comporte, par d’autres éléments et d'autres engins de lutte plus mobiles, plus puissants et moins rui neux. Le désarmement est une opération dangereuse, puisque l’on ne sera jamais entièrement certain de la bonne foi de tous les contractants, mais il est facile de reconnaître à certains signes manifestes que tous les grands Etats exigent trop des contribuables, que les ressources financières se tarissent et qu'il arrivera fatalement un jour où la « douloureuse » sera excessive et où l’on verra bien que la politique germanique, qui a eu tant d’admirateurs et qui a fait tant de disci ples à Londres, à Borne et même à Pa ris, mène le monde à un casse-cou. L’Angleterre, dont la situation financière et l’organisation fiscale excitaient l’admi ration des économistes, se voit réduite, pour une méchante guerre d’affaires, aux surtaxes et à l’emprunt. Elle a lourde ment grevé le présent et elle engage l’a venir de ses fils. Que serait-ce donc d’une grande guerre où une seule puissance mettrait en ligne toutes ses flottes et une armée d’un million d'hommes ? Voilà pourtant où conduisent la politique du laisser-faire, le mépris de la gloire, le dédain de la générosité, le sacrifice de la Justice et du Droit. Edmond Deschaumes....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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