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La République française, 5 octobre 1880

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La République française
5 octobre 1880


Extrait du journal

Nous persistons à penser qu’il n’y a et même qu’il n’y aura pas de long» temps pour la démocratie républicaine de politique plus facile, plus honnête et plus féconde que la politique d’union à la fois large et tolérante envers les diverses fractions du parti national, qui a prévalu depuis dix ans dans la conduite de nos affaires intérieures. Cette politique est aujourd’hui battue en brèche de bien des côtés, mais nous ne sommes nullement inquiets, car nous avons déjà éprouvé sa force de résistance, et nous savons qu’elle a pour elle non-seulement l’appui de l’opinion mais la nécessité, plus puis sante que la volonté des hommes. S’il faut le dire, nous ne sommes pas trop surpris des attaques combinées dont cette politique est l’objet dans les circonstances présentes. La Répu blique est fondée : il y a des gens qui pensent sincèrement et de très-bonne loi que, sans courir le risque de la dé truire, ils ont le droit et le devoir de~ II:ire de l’opposition aux ministères successifs qui peuvent être appelés à lu gouverner et à la régir. On regarde l’opposition comme indispensable ; on y marque sa place, on y veut tenir son rôle. Que serait un gouvernement à qui l’on ne ferait aucune opposition ? Ce ne serait rien qu’un obstacle au progrès, qui est la vie et la tin dernière des sociétés. Il faut donc qu’il y ait une op position, sous peine de piétiner dans l’im mobilité et de se laisser aller bientôt à. la pire des réactions. Nous accordons mie cette idée soit juste en quelque meU.e, et nous concevons que l’on so donne pour mission et pour tâche de tenir le gouvernement en éveil et en haleine : heureux ceux qui peuvent s’at tribuer ce lot avantageux et brillant ! Mais on avouera bien qu’un grand parti qui a réussi, après un siècle de luttes, à conquérir la nation, et qui s'installe aux affaires, doit avoir pour souci principal de s’y maintenir et de ne point perdre le terrain qu’il a ga gné. Si la démocratie républicaine, qui tient à peine entre ses mains victo rieuses ce pouvoir qu’elle a mis tant d’années à enlever à ses adversaires, se divise contre elle-même, se rejette dans l’opposition à tout prix et à ou trance contre son propre gouverne ment, s'affaiblit et se déconsidère par ses dissensions et ses polémiques intes tines, qu’arrivera-t-il infailliblement ? 11 arrivera que le pouvoir lui échap pera; car si nous admettons que la Ré publique, en tant que gouvernement définitif de la Franco, soit à jamais fondée sur les ruines des monarchies vaincues et détruites, nous ne tenons point du tout comme certain que le pouvoir ne retombera jamais plus entre les mains des adversaires politiques de la démocratie. Ne suffirait-il pas, pour que la démocratie cessât de gouverner, qu elle perdit la confiance de la nation? Et quel moyen plus rapide et plus sûr de perdre cette confiance, que de se montrer incapable d’exercer le gou vernement pour le bien général ? C’est là ce qui nous fait penser et dire que la politique d’opposition n’est pas en ce moment la meilleure que la démocratie républicaine puisse suivre pour son plus grand profit. Après avoir fondé la République, il reste à l’affer mir, à la féconder, à lui faire porter ses fruits. Une politique de cohésion, une politique d’action vaudra toujours mieux qu’une politique de critique e. de division, comme celle que toute op...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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