Extrait du journal

avait adoptée en épousant un homme pau* vre; Julien le savant et Michel l’avocat qui étaient rentrés dans l’ombre du logis de la famille, de si bonne grâce, tout cela gagnait à la cause des Daujarval l’esprit des gens de la campagne au milieu des quels ils vivaient et qui leur en vou laient d’autant moins de l’agrandissement continuel de leur fortune, qu’ils étaient restés paysans comme eux, paysans d’as pect, de mise, de relations et que, comme eux, ils bûchaient dur, se levant tôt, se couchant tard. La force des choses avait fait à Joseph Daujarval la plus sûre et la plus solide de toutes les digues contre le soupçon que la jalousie aurait pu rendre malveillanle. Ce fut à l’abri de cette bienveillance, et surtout de cette estime générale que le dormant tic l'écluse du moulin de la Grande-Digue put garder ses hôtes en toute tranquillité. Les victimes avaient été habilement choisies; il était passé maître en ce hideux labeur, le meunier, et son contentement ne connaissait plus de bornes, quand Mi chel revint au logis en quittant Monaco. Quelques jours après l’arrivée du jeune homme, la marquise de Montcharvaix rentrait aussi en son château des Chelleries. Michel rentrait au moulin plus entière ment épris encore qu’il ne l’était au dé part. Dans son esprit était entré cette idée, comme un coin dans du bois vert, que lorsqu’on était amant et maîtresse dans les conditions où ils l’étaient, sa chère Isa belle et lui, il n’y avait plus qu’un pas à faire pour devenir mari et femme. Ce pas il était pour sa part fort décidé à le franchir; obtenir le consentement d’I sabelle était devenu son idée fixe, le but de tous ses rêves, aussi était-il bien déci dé à ne point s’arrêter tant qu’il n’aurait pas eu satisfaction de ce côté-là....