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La République française, 2 novembre 1895

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La République française
2 novembre 1895


Extrait du journal

Aujourd’hui, l’on est parvenu à grouper un grand nombre d’observations précises au tour de ce phénomène primitif. Les écoles de Nancy et de la Salpêtrière, dirigées avec la ferveur que l’on sait par des maîtres tels que les docteurs Liébeaut et Charcot, ont favorisé la réalisation de découvertes véritablement surprenantes. La « suggestion » figure au nombre des faits scientifiques qu’il n’est plus possible de contester. Tout le monde sait qu’il suffit à l’hypnotiseur d’exprimer une idée, si étrange, si fantastique soit-elle, pour que le « sujet » s’empresse de l’adopter. Placez devant le somnambule un verre d'eau claire en assurant qu’il est rempli de sirop, et vous verrez l’hypnotisé vider le verre avec délices. L’état particulier du sujet implique une perversion totale des sens. C’est un véritable halluciné, apte à subir toutes les impressions qu’on lui suggère. Il n’a plus aucune notion de son identité, il ne s’appartient plus, il est sous la dépendance d’une volonté supérieure qui le fait mouvoir à sa guise, d’un mot ou d'un geste, ou en core par la seule action d’un ordre donné mentalement. — Ne trouvez-vous pas qu’il fait froid ? interroge l’opérateur. Aussitôt l'hypnotisé grelotte. — Non, la température s’adoucit. 11 fait chaud à présent, et même très chaud. C’est intolérable. Et le somnambule éprouve une impression de chaleur si vive qu'on le voit s’éponger la face, jeter son chapeau, défaire à la hâte le col de sa chemise. On conçoit que, disposant d'une telle auto rité par la vertu de l'hypnotisme, l’opérateur puisse obtenir des résultats merveilleux dans le traitement des maladies nerveuses. Mais n’est-il pas dangereux de tranformer en amusette un procédé médical d'une si grande effi cacité ? Car les effets des suggestions hypnotiques ne disparaissent pas toujours après le réveil du patient. Bien des accidents peuvent se produire. On a cité des cas de mutisme, d’é pilepsie, de contractures. Ici, ce n’est pas la fortune, c’est le déséquilibre qui vient cn dormant. J'ai été, il y a qüêlques années, témoin de certains faits qui pourraient servir à « illus trer » ce bref aperçu de la question. C’était...

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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