Extrait du journal

LES TROUBLES DE MARSEILLE Les colonies d’Italiens en France « Dans l’état actuel du monde, il n’y a pas pour un pays vieux et riche de meilleure affaire que de fonder une colonie. » Celte maxime est empruntée à Stuart Mill, et l'on peut dire que depuis un siècle l’exemple des compatriotes de Stuart Mill en a suffisamment démontré la vérité. Les Italiens, qui depuis la résurrection de leur pays ont toutes les ambitions, qui se flattent tour à tour de faire de leur patrie la Prusse des nations latines et l’Angleterre du Midi (1), les Italiens, qui possèdent un littoral presque aussi étendu que les côtes des Iles Britanniques, avec une population pressée, déjà à l’étroit entre les Alpes et la mer, les Italiens rêvent naturellement, eux aussi, des colonies et recherchent sur la carte de quel côté ils pourraient asseoir leurs établissements. Ils sentent à regret que l’Italie n’est ni assez vieille ni assez riche pour se lancer dans cette carrière aventureuse où, malgré certaines velléités, le nouvel empire d’Allemagne ! hésite également à s’engager. Par une contradiction fréquente et plus apparente que réelle, ce qu’ils n’osent faire euxmêmes, ils se blessent de le voir faire par d’autres. Ils montrent ainsi, vis-à-vis de nous en Afrique, une jalousie imprudente qu'ils ne savent même pas assez dissimuler pour éviter le désagrément d'une sorte d’humiliation aux yeux de 1 Europe. Ils tiennent à manifester de toute façon que leur politique a subi un échec en Afrique. Ou dirait, à les entendre, que nous avons pris leur place en Tunisie, que nous leur avons dérobé leurs colonies futures....