Extrait du journal

Mes chers camarades. Il s’est levé le jour, tant désiié, de la vic toire et de la paix ! Et nous sentons bien que notre tâche est finie Maintenant c'est aux di plomates d’agir. Ce sont eux qui définiront la paix. Car la paix, pour nous autres poilus, n'estelle pas la fin des combats sanglante- dos luttes ardentes, des bombardements intensifs et de tou tes nos misères? Durant quatre années, nous avons terrible ment souffert, et nos sacrifices trouvent aujourd’ hui leur récompense: l’ennemi est terrassé. L’Allemand qui a voulu détruire tout ce qu'il y avait de Juste, de Vrai, de Beau, de Bien dans le monde, est, aujourd'hui, anéanti. Notre juste cause a soulevé les peuples de la terre qui sont venus combattre à nos côtés. Le Droit a vaincu la Force. L’Idée a dominé le Sabre. Il appartiendra aux historiens de racontci aux générations futures nos exploits et nos luttes Les journaux chanteront, chaque iotu, le courage, l'héroïsme des «vaillants poilus'1 Nous serons fêtés, chantés, adulés, oltojés pendant quelque temps. Et puis . . Et puis ... le temps passera. Nous autres poilus, soi on S modestes: nous n’avons fait que notre devoir. Aux seuls embus qués, imposons le respect et la gratitude. Avec les autres, ceux qui de tôute autre façon, ont eux aussi, servi la même cAuse, restons simples et bons: et puisque la guerre est terminée, ne devenons pas des tueurs de boches; ’ne p’enons pas des allures de matamore. Sachons simple ment nous souvenir . . . Surtout n’oublions pas nos camarades défunts. Songeons sans cesse à nos morts, & tous ceux que nous avons laissés sur les champs de bataille. Ce sont nos frères, ils vivent en nous, près de nous. Si leurs noms re viennent dans nos conversations, ne les éloignons pas. Et plus tard, rendus à la vie civile, faisons tous nos e/forts pour assurer à nos chers dis parus, le culte du souvenir. Restons unis! Il n’est pas possible qu’aprè» avoir vécu tant de mois en par faite intelligence, nous puissions nous disputer, demain, au pied d’une tribune électorale ou dans toute autre réunion. Alors que la mort rôdait, dans la tranchée, nous nous sentions les coudes; d 1 attaque, nous unissions nos courages pour détruire un nid de mitrailleuses ou capturer des prisonniers . ... et, dans quelques mois, revêtue d’habits civils, nous deviendrions des adversaires irréductibles 'parce qu’un fossé proou i ' i...

À propos

Le Bulletin désarmé est un journal illustré des tranchées, organe du 44e Bataillon de Chasseurs à pied, joint par le 42e bataillon ainsi que le 114e des Chasseurs Alpins. On y trouve des actualités du front, des nécrologies, de la poésie ou encore caricatures.

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Données de classification

• allemand
• iles
• allemagne
• eupen
• aix-la-chapelle
• bruxelles
• liège
• belgique
• g. p.