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Le Charivari, 17 février 1865

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Le Charivari
17 février 1865


Extrait du journal

Il nous est tombé entre les mains une curieuse cor respondance adressée d’Italie à un journal religieux de Paris. Voici ces lettres d’un poignant intérêt, nous les avons classées avec soin et nous les donnons ici en procédant par ordre : Première missive : Turin, 7 février, 10 heures du matin. Grande nouvelle ! Victor-Emmanuel vient de prendre la fuite. Cela ne pouvait manquer d’arriver, car ce monarque avait fait trop de mécontens. Depuis le 15 septembre l’animosité contre le roi était à son comble. Les Turinois complotaient nuit et jour, ils n’atten daient que le moment propice pour se soulever. Victor-Emmanuel essaya pendant plusieurs mois de tenir tête à la révolte ; mais, voyant qu’il n’y avait plus d’espoir pour lui, il s’est décidé à s’enfuir , c’était ce qu’il avait de mieux à faire. Nous le félicitons de n’avoir pas engagé la lutte, car il est toujours fâcheux pour un souverain d’être obligé de verser le sang de son peuple, même pour garder le sceptre qu’il a entre les mains. Cette sage résolution qu’il a prise en dernier lieu at ténue quelques unes des fautes passées. A bientôt de plus amples détails. ♦ * Deuxième lettre. Turin, 7 février, 4 heures du soir. Je viens d’aller aux informations; maintenant je puis vous donner des renseignemens précis sur la fuite du roi. Il s’est sauvé hier soir vers neuf heures. Il n’y avait pas de lune, aucune étoile ne brillait au ciel, la nuit était profonde. Pour une fuite on ne pou vait choisir un moment plus favorable. Atin de n’être pas reconnu, le roi s’est déguisé en domestique pour sortir de son hôtel. De plus, il s’est coupé ses fortes moustaches qui au raient pu le trahir, on les a retrouvées sur le marbre de la cheminée de sa chambre. Un riche Anglais, amateur de curiosités, les a ache tées deux mille francs. Le roi avait mis aussi un faux nez que lui avait ap porté dans la journée un de ces rares amis qui lui sont restés fidèles. Pour tout bagage il n’a pris que Deux chemises, Une paire de chaussettes, Trois faux-cols, Un rasoir. Mais il doit avoir quelque argent de poche. Il voyage sous le nom de Victor. T’. S. — Le télégraphe s’est bien gardé d’annoncer | celle fuite. On tient à éviter que cette nouvelle inatten due produise une trop forte commotion dans les diffé rentes cours de l’Europe. On veut l’apprendre avec méj nagement....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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Données de classification
  • antonelli
  • ezzelino
  • paul girard
  • rome
  • vatican
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