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Le Charivari, 21 décembre 1869

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Le Charivari
21 décembre 1869


Extrait du journal

sienne. Sur quoi l’ambassadeur de Russie à Berlin re-toast à son tour et, pour souligner davantage la situation de ce chamarrage mutuel, dit : « En vous conférant, sire, les insignes de la grand’croix de l’ordre de Saint-Georges, la plus haute marque honorifique de l’armée russe, l’empereur a voulu vous donner, sire, une nouvelle preuve de son amitié per sonnelle et de sa profonde vénération. » Mais l’on y verra, à juste titre, un nouveau gage des liens qui subsistent entre les deux souverains, les deux peuples et les deux armées, gage conforme aux intérêts des deux pays et aux intérêts de l’Europe. C’est avec ces sentimens et en vous remerciant encore, sire, que j’ai l’honneur de proposer, au nom de l’empereur, la santé de Votre Majesté. » En temps ordinaire il n’y aurait eu dans tout cela rien de bien intéressant. Les souverains ont l’habitude puérile de jouer au grand cordon comme les enfans jouent aux billes ; pour un oui ou pour un non ils se tapissent réciproquement des pieds à la tête des ru bans les plus multicolores, sans s’apercevoir que le public rit à se tordre de tous ces hochets que rien n’a mérités. Mais dans la présente circonstance les moumours des deux princes ont une signification qui saute aux yeux et viennent grossir la liste déjà trop longue des cchecs diplomatiques du second empire. Personne, en effet, n’a oublié avec quelle solennité on èïivoya tout récemment M. Fleury à Saint-Péters bourg. Vendant la peau de l’ours avant de l’avoir jeté par terre, on fit déclarer par la presse officieuse qu’il ne s’agissait pas seulement d’une ambassade selon la for mule et qu’on avait choisi un si haut personnage pour donner un caractère plus décisif à la démonstration. A entendre les commentaires des zélés, il ne s’agis sait de rien moins que de prendre une revanche en douceur de Sadowa et d’annexer le cabinet russe à nos intérêts afin de contrebalancer l’influence prussienne et de pouvoir au besoin donner une leçon à la Prusse. Elle est jolie la leçon ! Les choses ont bien tourné ! Au nez et à la barbe grisonnante du général Fleury berné, comme un novice qu’il e>t d’ailleurs dans...

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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