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Le Charivari, 27 janvier 1859

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Le Charivari
27 janvier 1859


Extrait du journal

Il faut convenir que les journaux autrichiens ne bril lent pas précisément par leur éloquence depuis que la question italienne est sur le tapis. La Gazette autrichienne seule a fait preuve d'imagination en soutenant cette thèse qu’il n’.y a pas à proprement parler d’Italiens. Le difficile était de trouver cette idée, mais une fois trouvée, rien de plus aisé que de la développer, l’histoire à la main. Personne, pas môme le moindre écolier n’ignore qu’un chef de race germaine du nom d’Alboin que la Gazette autrichienne a beaucoup connu, alla s’établir dans l’Ita lie du Nord. 11 fit littéralement place nette et envoya tous les habitans au diable sans qu’il en restât un seul. Puis comme c’était un vert-galant, il se chargea de repeupler le pays à lui seul ; on dit même qu’il en avait fait le pari. Le fait est qu’il réussit dans cette entreprise sans même permettre à ses soldats de l’aider un peu. C’est joli, mais trop mythologique et emprunté évi demment à la fable de Cadmus; et puis c’est leste! La conséquence de cet exploit d’Alboin est que les Ita liens d’aujourd’hui tombent dans une erreur grossière lorsqu’ils se disent Italiens. Ils sont Germains au contrai re, ce qui leur ôte le droit de se soustraire à la domina tion de sa gracieuse majesté François-Joseph. A la ri gueur même on pourrait dire que ce sont ceux qui as pirent à devenir les oppresseurs de leurs frères de Vienne. A ce compte-là, comme les Normands ont autrefois conquis l’Angleterre, nous ne voyons pas pourquoi ce pays ne formerait pas un département français. A ceux qui soutiendraient le contraire je dirais : — Voyez comme ces divers peuples se ressemblent si vous tenez à être édifié sur leur commune origine. Qu’y a-t-il de plus semblable à un Français qu’un Anglais et à un Italien qu’un Allemand? On dirait des jumeaux. Gela crève les yeux. A part ce beau raisonnement, la presse autrichienne se montre faible, on ne peut le nier. Voilà par exemple la Gazette de Vienne qui pose la question sur le terrain de la sensibilité. L’Italie, dit-elle, est la terre de prédilection de notre empereur; il a pour elle des entrailles de père, on peut même dire que c’est sa fille aînée; il la choie, il la dorl°tte, il la gâte au point de rendre jalouses les autres provinces de l’empire qui sont ses filles aussi. Et il se trouve justement que cette fille aînée et pré férée le paie d’une ingratitude qui fait verser des lar mes à l’empereur ; et ce sont ces larmes paternelles qui font déborder le Danube tous les ans. Voilà qui est encore joli et allemand surtout. Cet em pereur qui pleure sur l’ingratitude de l’Italie sa fille ne vous rappelle-t-il pas le bon vieux roi de Thulé qui pleumit dans sa coupe ? Disons mieux, c’est un véritable lied que cet article de m Gazette de Vienne et il aurait dû être écrit non pas en Prose et en alinéas, mais en vers et en strophes. Donnais-tu le pays où sous le vert feuillage miàrit eomme un fruit d’or le fruit du citronnier, où le vent (fun ciel pur rafraîchit sans orage les bocages de myrtes et les bois de laurier ? le crois bien que je le connais 1 C’est l’Italie, la fille aclorée de notre père l’empereur....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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