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Le Constitutionnel, 10 octobre 1837

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Le Constitutionnel
10 octobre 1837


Extrait du journal

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS. SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE. De toutes les classes de l'institut, l'académie française et l'académie des leaux-arts sont les plus populaires et les plus Recherchées ; tandis que l'acadé mie des sciences et celles des inscriptions et belles lettres siègent gravement pour un public sérieux qui prend place à son aise, dans les salles et sur les banquettes, les deux autres attirent la foule à leurs solennités publiques. On se hâte , on devance l'heure de la séance , on se presse aux places privilé giées du centre et aux amphithéâtres; la galanterie de l'huissier académique s'épuise à frayer un passage aux retardataires et à leur donner quelque coin oublié d'une banquette, ou bien de tabouret, supplément charitable, dernier refuge, consolation suprême des affligés et des derniers venus. Cette vogue -que nos deux académies prennent sur leurs sœurs des sciences et des inscrip tions et belles-lettres, s'explique tout naturellement. Les beaux-arts et la lit térature sont les fleurs académiques qui brillent, plaisent et séduisent le plus. On se laisse attirer aux parfums d'un discours élégant et d'une rime fleurie; la musique et la peinturé oat des attraits auxquels il est difficile de résister, et tout le monde a la prétention d'en prendre sa part; charmantes muses qui vous captivent par leur sourire, par leur élé gance et par leur beauté. La science au contraire est sévère et d'un difficile accès ; elle n'a ni grâces fa ciles ni sourire décevant ; son langage est grave et posé ; ses charmes sont mystérieux et voilés ; son aboref semble rude; elle ne révèle ses secrets et ses plaisirs qu'au prix d'un travail assidu et d'une ride laborieuse. 11 y a là de quoi effaroucher les ilégans jeunes gens et les jolies femmes qui font la parure des réunions et des solennités publiques. -La dernière séance de l'a cadémie des beaux-arts, n'avait fait peur à personne. Les jeunes gens «t les jolies femmes y assistaient intrépidement; il était même aisé de deviner, à leur air empressé, qo'ils étaient venus là avec plaisir et pour un intérêt plus sérieux qu'un vain passe-temps et une vaine cu riosité. L'académie des beaux-arts a particulièrement le privilège de mon trer, dans ses séances, ces allures de jeunesse et cet empressement sympa thique. Les ateliers et les écoles de musique lui envoient les plus zélés et les plus ardens de leurs élèves , jeunes aspirans à la gloire des arts, aux palmes de la musique, de la peinture ; les uns étudiant la fugue et le contrepoint, les autres s'exerçant au pinceau et à ia palette ; ceux-ci commençant à manier le ciseau du sculpteur ; ceux-là choisissant le compas et l'équerre de l'archi tecte ; tous viennent assister, en ce jour solennel, au couronnement de leurs jeunes amis et de leurs camarades; leur émulation s'accroit du spectacle de ce triomphe, et ils se préparent, à leur tour, à le mériter et à l'obtenir. Ce ne sont pas en effet les lauriers qui manquent cette année à l'acadé mie des ^eaux-arts ; une vingtaine de couronnes vertes et abondamment fournies de feuilles luxuriantes sont amassées sur le bureau du président. Un peu avant l'ouverture de la séance , les lauréats entrent dans la salle par la porte réservée aux académiciens et viennent s'asseoir un à un sur la ban-, quette circulaire placée entre le sanctuaire académique et les gradins oc cupés par le public. L'arrivée de ces jeunes gens excite dans toute la salle «n mouvement de curiosité. On se lève, on regarde , on cherche à deviser s'il y a sur ces fronts couronnés au début de la carrière, des signes vraiment sérieux de talent et de génie. Qui sait si parmi ces vingt lauréats encore in connus, et qui s'ignorent presque eux-mêmes , il n'en est pas un ou deux que son étoile destine à de beaux ouvrages et à une grande renommée? Plaise au ciel, en effet, plaise au dieu des beaux-arts et au génie de la France, que de cette multitude il-sorte un jour un grand peintre, un grand sculpteur ,...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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