PRÉCÉDENT

Le Constitutionnel, 12 juillet 1844

SUIVANT

URL invalide

Le Constitutionnel
12 juillet 1844


Extrait du journal

CHAPITRE XIV. LA DÉCISION. Morok portait son bras gauche en écharpe; après avoir lentement gravi l'escalier, il salua respectueusement le bourgmestre. A l'aspect de la sinistre figure du dompteur de bêtes, Rose et Blanche, effrayées, reculèrent d'un pas et se rapprochèrent du soldat. Le front de celui-ci se rembrunit ; il sentit de nouveau sourdement bouillonner sa colère contre Morok, cause de ses cruelsembarras(il igno rait pourtant que Goliath eût, à l'instigation du prophète, volé le porte feuille et les papiers). — Que voulez-vous, Morok? — lui dit le bourgmestre d'un air moi tié bienveillant, moitié fâché. —Je voulais être seul, je l'avais dit à l'aubergiste. —■ Je viens vous rendre un service, Monsieur le bourgmestre. — Un service? — Un grand service ; sans cela je me serais pas permis de vous dé ranger; il m'est venu un scrupule. — Un scrupule? — Oui, Monsieur le bourgmestre, je me suis reproché de ne pas vous avoir dit ce que j'avais à vous dire sur cet homme ; déjà une fausse pitié m'avait égaré. — Mais enfin, qu'avez-vous à dire? , Morok s'approcha du juge et lui parla tout bas pendant assez long temps. D abord très étonnée, peu à peu la physionomie du bourgmestre de vint profondément attentive et soucieuse; de temps en temps, il laissait échapper une exclamation de surprise et de doute, en jetant des regards de côté sur le groupe formé par Dagobert et les deux jeunes filles. A l'expression de ces regards, de plus en plus inquiets , scrutateurs et sévères, on voyait facilement que les paroles secrètes du prophète, changeaient progressivement l'intérêt que le magistrat avait ressenti .pour les orphelines et pour le soldat, en un sentiment rempli de défiance èt d'hostilité. Dagobert s'aperçut de ce revirement soudain ; ses craintes, un instant calmées, revinrent plus vives que jamais. Rose et Blanche, interdites, et ne comprenant rien à cette scène muette, regardaient le soldat avec une anxiété croissante.. — Diable!... — dit le bourgmestre en se levant brusquement, — je n'avais pas soncé à tout cela; où avais-je donc la tête ? Mais que vou lez-vous, Morok, lorsqu'on vient, au milieu de la nuit, vous éveiller, on n'a pas toute sa liberté d'esprit ; c'est un grand service que vous me rendez là, vous me le disiez bien. — Je n'affirme rien, cependant... — C'est égal ; il y a mille à parier contre un, que vous avez raison. (1) Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage, est interdite, et serait poursuivie comme contrefaçon. Yoir nos numéros des 23, 26, 27, 28 et 29 juin, 2, 3, 4, 5, 9, 10 et 11 juillet,...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

En savoir plus
Données de classification
  • guizot
  • oribe
  • lanjuinais
  • lainé
  • pichon
  • billault
  • lalande
  • rihouet
  • vuitry
  • montevideo
  • france
  • plata
  • sibérie
  • montmartre
  • ligny
  • francfort
  • rivera
  • paris
  • bignon