Extrait du journal

ébranle encore le sol, et rende sa position plus affreuse, en balayant pour jamais ses moyens d'existence. » Cependant on devrait se rassurer en pensant que les fautes qui ont provoqué nos désastres ne se commettent pas deux fois. D'ailleurs, si nos autorités sont vigilantes, les ouvriers ont été instruits par l'ex périence. Ils savent maintenant que le sang français ne féconde pas le sol, il n'y sème que la misère et les haines. Ils ont vu quels hideux excès ont déshonoré leur cause, lorsque la guerre civile a été enga gée, excès inévitables.dans une ville populeuse, et dont l'odieuse res ponsabilité retombe sur les hommes coupables qui ont voulu folle ment soutenir leurs droits par le sabre. Qu'ils disent quel bonheur ce remède criminel leur a donné , et si de telles leçons s'oublient en quelques jours ? » Au reste, une confiance aveugle serait aussi dangereuse qu'une terreur panique. Des renseignemens authentiques nous ont appris que des ouvriers fort misérables se trouvent depuis long-temps sans tra vail , et non pas sans argent. Il y a donc une main secrète qui leur en donne : cette main n'est pas celle de l'aumône, mais d'un parti. Il est encore moins avare de promesses et d'insinuations perfides. On conçoit qu'exploiter la misère d'une classe qu'on méprise , exalter ses passions haineuses pour la pousser à une lutte sanglante, et puis as seoir sur les débris de la France déchirée un trône qu'affermiraient la hache révolutionnaire et les baïonnettes ennemies, est une poli tique digne de ceux qui appellent l'invasion étrangère. Jusqu'ici leur machiavélisme a échoué. Mais il importe que les ouvriers sacnent bien à quels dangers ils s'exposent en prêtant l'oreille à leurs men songes. On leur répète que sous Charles X ils ne manquaient pas de travail. Comme si l'hiver de 1829 avait été exempt de misère ! Et d'ailleurs une contre-révolution bouleverserait le pays bien autre ment que la tempête de juillet. Elle nous amènerait les protecteurs naturels des Bourbons, c'est-à-dire les étrangers , qui ne manque raient pas l'occasion de ruiner notre industrie et de partager notre sol. Or, au milieu de tant de désastres , les ouvriers seraieut-ils plus...