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Le Constitutionnel, 19 avril 1895

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Le Constitutionnel
19 avril 1895


Extrait du journal

UN FRANC D'AMER DE Je me souviens d'avoir prédit ici même, il y a quelques mois, quel serait le résultat de la formidable campagne entreprise " contre 'les courses de tau reaux; Je disais que nos concitoyens nîmois ne céderaient pas un pouce de ter rain sur lechamp où. on leur livrait ba taille. Et les événements ont justifié toutes mes prévisions. On a eu beau écrire des articles éclos au froid soleil du Nord et les jeter au Midi comme autant de défis; on a vainement mis eu branle la plus haute juridiction française ?ui a daigné s'occuper de ce nouveau turtet, sembla ble à celui que le Sénat de Rome fit met tre à la sauce piquante sous les empe reurs décadents. La Société protectrice des animaux qui fait bien d!e protéger les chiens qu'on écrase et les chevaux qu'on maltraite a vainement agité ses foudres. Rien n'y a fait. Les Nîmois avaient leurs vieilles arènes et ils ont entendu s'en servir comme par le passé. Il est vrai que cela devait coûter un franc d'amende à l'imprésario. - C'est ce franc d'amende qui, aujour d'hui^ réveillé toutes les colères des en nemis du plaisir nîmois appartenant aux deux sexes. Est-ce que, par hasard, il fallait condamner M. Fayot aux travaux forcés à temps ou même à la peine de mort ? La course "de l'autre dimanche a coûté un franc, mais elle en aurait coûté cent mille que l'amende n'en aurait pas moins été payée. Le législateur, dont les exigences ont été si minimes( n'a sans doute pas prévu le cas actuel. Mais que voulez-vous que les Nîmois y fassent, et s'ils paient les vingt sous qu'on leur ré clame, ce que leurs moyens leur per mettent de taire d'ailleurs, il n'y a plus qu'à les laisser, tranquilles. Et c'est ce qu'ou aurait dû faire depuis longtemps. A quoi cela peut-il servir d'élever des. lièvres qui, au bout d'un certain temps, sont dèstiués à devenir des lapins! Il y aurait eu vraiment quel que esprit à ne pas se mettre en chasse pour si peu de chose et il y a eu de l'in telligence à ne pas se buter dans les circonstances récentes contre la volonté d'une population qui prétend s'amuser à sa guise et qui, en fin de compte, n'a pas encore égorgé dans ses arènes le moin dre gladiateur et ceci, je le reconnais, constituerait de nos jours une série d'as sassinats dans laquelle la Cour d'assises et même la Cour de cassation auraient tous les droits d'intervenir. J'ai lu des articles fort judicieux écrits fort serieusement et dans lesquels on invitait le gouvernement et même la société protectrice, à interdire l'entrée des arènes au public le jour même où il se présenterait pour assister aux cour ses annoncées. On a agi très sagement en fermant l'oreille à ces funestes con seils et en évitant des bagarres et des excès qui eussent peut-être fait verser plus dfe sang aux portes grillées des arènes qu'il n'en a été versé a l'intérieur par l'épee des matadors. Au surplus, il ne faudrait pas exagérer les choses et se montrer plus méridio naux que les gens du Midi eux-mêmes en nous prédisant que l'unité française est désormais compromise parce qu'on a laissé les Nîmois s'amuser comme ils l'entendaient. De ce qu'une province a jugé à propos de continuer en l'an de grâce 1895 des jeux auxquels elle prend plaisir depuis quarante ans et plus, il ne s'en suit pas que tout soit perdu. C'est une plaisanterie que de l'affirmer et j'aime encore mieux les courses de taureaux que ces réunions dites publi ques où s'injurient des citoyens et où le sang coule parfois. Ceci me paraît au trement compromettant pour le renom français, et voilà de petits jeux dont je signale la haute moralité aux fervents et aux ferventes adversaires des plaisirs nîmois....

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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