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Le Constitutionnel, 30 octobre 1846

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Le Constitutionnel
30 octobre 1846


Extrait du journal

argent. Votre fille Hortense a failli mourir en apprenant que c'est grâce à votre frère que nous avons pu dîner! Il n'y avait pas de pain chez vous aujourd'hui. Adeline a pris la résolution héroïque de se suffire à elle-même. Elle m'a dit : « Je ferai comme toi ! » Ce mot m'a si fort serré le cœur, après le dîner, qu'en pensant à ce que ma cousine était en 4 814 et ce qu'elle est en 1844, trente ans après! j'ai eu ma digestion arrêtée... j'ai voulu vaincre le mal ; mais, arrivée ici, j'ai cru mourir. . . — Vous voyez, Valérie, dit le baron, jusqu'où me mène mon adoration pour vous?... à commettre deê crimes do mestiques... — Oh! ai-je eu raison de rester fille ! s'écria Lisbeth avec une joie sauvage. Vous êtes un bon et excellent homme , Adeline est un ange , et voilà la récompense d'un dévoûment aveugle. — Un vieil ange ! dit tout doucement madame Marneffe , en jetant un regard moitié tendre, moitié rieur à son Hector, qui la contemplait comme un juge d'instruction examine un prévenu. — Pauvre femme! dit le baron. Voici plus de neuf mois que je ne lui ai remis d'argent, et j'en trouve pour vous, Yalérie, et à quel prix! Vous ne serez jamais aimée ainsi par personne, et quels chagrins vous me donnez en retour !" — Des chagrins? reprit-elle. Qu'appelez-vous donc le bonheur? — Je ne sais pas encore quelles ont été vos relations avec ce prétendu cousin, de qui vous ne m'avez jamais parlé, repritle baron sans faire attention aux mots jetés par Valérie. Mais, quand il est entré, j'ai reçu comme un coup de canif dans le cœur. Quelqu'aveuglé que je sois, je ne suis pas aveugle. J'ai lu dans vos yeux et dans les siens. Enfin, il s'échappait par les paupières de ce singe des étincelles qui rejaillissaient sur vous, dont le regard... Oh! vous île m'a vez jamais regardé ainsi, jamais! Quant à ce mystère, Valé rie, il se dévoilera... Vous êtes la seule femme qui m'ayez fait connaître le sentiment de la jalousie, ainsi ne yous éton nez pas de ce que je vous dis... Mais un autre mystère qui a crevé son nuage, et qui me semble une infamie... — Allez ! allez ! dit Valérie. — C'est que Crevel, ce cube de chair et de bêtise, vous aime, et que vous accueillez ses galanteries assez bien pour que ce niais ait laissé voir sa passion à tout le monde... —Et de trois! Yous n'en apercevez pas d'autres? demanda madame Marneffe. — Peut-être y en a-t-il? dit le baron. — Que monsieur Crevel m'aime, il est dans son droit d'homme; que je sois favorable à sa passion, ce ^ferait le fait d'une coquette ou d'une femme à qui vous laisseriez beau coup de choses à désirer... Eh bien ! aimez-moi avec mes défauts, ou laissez-moi. Si vous me rendez ma liberté, ni vous, ni monsieur Crevel, vous ne reviendrez ici, je pren drai mon cousin pour ne pas perdre les charmantes habitu-...

À propos

Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.

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