Extrait du journal

Dans le cadre de cet article, il m est interdit d’approfondir les raisons capitales du malaise général, mais j'ai le droit, malgré les conditions particulières de mon voyage, malgré le caractère singulier de ma mission, d’avoir le sens de l’objecti vité et, surtout, de savoir entendre et comprendre. Qu’il me suffise d écrire que les compagnons nombreux de notre lutte ont le mérite éclatant de persévérer dans l’effort. Tout est contre eux. L’origine, l’analphabétisme social, les préjugés et, d’abord, les basses nécessités de la poliCependant, ils s’insurgent quand ils reçoivent nos hommages fraternels. Leurs volontés intransigeantes dépassent en grandeur simple les volontés des meil leurs d’entre nous. " J’ai parlé à Sousse, j’ai parlé à Tunis. Des auditoires fervents où les turbans et les tarbouches des frères musulmans se risquaient, ont adopté nos indignations, nos espoirs, nos ambitions, souscrit à 1 in tégralité de nos revendications, contracté un engagement solennel de solidarité vi gilante. On me permettra de passer sous silence les manifestations qui prenaient à mon égard une importance émouvante. Si j’ai conscience d’avoir été parfois digne de ma mission, je raopelle que rien de vrai, de fort et de durable n’aurait été fait sans les milliers de réponses à nos appels, sans, surtout, le dévouement in lassable, le désintéressement magnifique d’une poignée de chefs et de militants qui, sur ma route, ont joint leurs pas aux miens, m’ont épaulé, suppléé, remplacé. Mériter son destin...