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Le Droit, 6 décembre 1840

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Le Droit
6 décembre 1840


Extrait du journal

II. j ai parlé précédemment des différentes espèces de travaux imposés aux forçats; j’ai dit que la plupart d’entre eux étaient employés au port, que d’autres l’étaient à l’hospice de la marine ou luis l’intérieur môme du bagne. On se figure généralement, quand on n’a jamais visité Brest, Hocheforl ni Toulon, que la lâche des forçats est des plus rudes, il semble qu’ils doivent succomber sous le poids de la fatigue ; je laisse à penser l’étonnement qu’on éprouve. lorsqu’on arrivant à Brest, par exemple, on rencontre des gens désoeuvrés, des promeneurs fort tranquilles, portant les chaînes et l’uniforme du bagne. On se demande si ce sont réellement là des forçats, <*t dans l’impossibilité d’en douter, on leur appliquerait volontiers ce chic Mme de Sévigné disait des galériens de son temps en écrivant à sa fi lie : « Vos galériens me paraissent une société d’honnies gens qui se sont retirés du monde pour mener une vie douce. » Il est certain que les forçais qu’on envoie au port, et qui devraient avoir la besogne la plus fatigante, se reposent presque à chaque instant ; lorsqu’ils travaillent, c’cet avec tant de mollesse et en se réunissant en si grand nombre pour le môme ouvrage, que la part de fatigue de chacun d’eux devient parfois très légère. « A la manière dont les forçats sont traités, disait M. Tupinier dans un rapport qu’il adressait au ministre en 1838, la loi pénale que les Tribunaux ont voulu leur appliquer n’est point exécutée. Au lieu des travaux de force auxquels ils sont condamnés, on les voit se livrer dans tous les recoins des arsenaux aux occupations les plus faibles; la plupart du temps, ils n’y font rien que causer ou dormir; on en voit dix à douze suivre nonchalamment et à pas comptés une petite charrette à peine chargée, que deux autres traînent sans la moindre fatigue, et que chaque couple à son tour traînera de la môme manière. »...
Le Droit (1835-1938)

À propos

Le Droit, journal des tribunaux est un périodique hebdomadaire de jurisprudence et de législation. Dirigé et fondé par Armand Dutacq, le journal obtient très vite un grand succès grâce à un prix modique, valant à son créateur le surnom de « Napoléon de la presse », possédant entre autre le Figaro et le Charivari.

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Données de classification
  • de sévigné
  • tupinier
  • brest
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