Extrait du journal

COMMENCEMENT DE GREVES Les mineurs savent, à présent, que la majorité du Comité fédéral réuni : Saint-Etienne a voté la grève générale Ils savent aussi que M. Cotte, secrétaire général de ce Comité, est chargé de don ner le signal du chômage quand et com ment il lui plaira. • Il lui suffira de lever le drapeau rouge, et la Jacquerie ouvrière commencera. L'homme le plus puissant du jour est donc M. Cotte. Il porte dans les plis de sa veste la paix ou la guerre sociale. Mais la population, dont on a excité les colères et les convoitises, à laquelle on a présenté cette grève générale comme le signal de l'affranchissement, comme une sorte de Carmagnole universelle, n'est pas assez patiente pour attendre le bon plaisir d'un seul homme. Déjà les mineurs du bassin de Lens ont inauguré une grève partielle et se répandent dans tous les charbonnages du Nord et du Pas-de-Calais pour prê cher la révolution. Est-ce un faux dé part? Est-ce l'étincelle qui mettra le feu à l'amas des combustibles si imprudem ment accumulés depuis deux ans ? La situation actuelle est pleine d'équi voques. Les députés socialistes ont déclaré 1 qu'ils se mettraient à la tête des mineurs au jour de la bataille. C'était un encou ragement et une provocation. Malgré ces airs de matamores, l'extrême gauche continue à jouer le rôle de bonne à tout faire au service du cabinet. Avons-nous affaire à des gouvernementaux ou à des insurgés? M. Cotte, de Saint-Etienne, se pose en sphinx. Il affecte de rouler des regards farouches, tout en lançant de subreptices clignements dans la direction du mi nistère de l'intérieur. Avons-nous affairé à un fou furieux ou à un simulateur? Les ouvriers s'agitent, menacent, entrent en effervescence et s'apaisent. Est-ce une comédie qui s'achève ou un drame qui commence? Une grande nation ne peut vivre dans un pareil doute. Il faut qu'une grève soit ouverte ou avortée. ■ . Toutes les affaires restent paralysées. Les habitants des centres ouvriers vi vent dans une perpétuelle inquiétude. Nos soldats, depuis près d'un mois, sont...